Au journal, reprise. Masse de journaux et de livres. Lettre de Calder m’invitant à une représentation le 1er octobre à Saché… hélas. L’écriture « en flèche » à P.M. : la concurrence de la T.V. aboutit à un effort sur le texte.
L’Algérie : alourdissement du climat. Condamnation du « réseau Jeanson », lettre de Sartre, manifeste des 121, sanctions, arrestations. Visite d’un mythomane amené par Michaud, qui l’a rencontré dans une librairie – et que j’envoie à M. Ulrich (pour la publicité du film). Il se moque de moi.
Catégorie : octobre 1960
4 octobre 1960
Mille a mis Dante en congé sans solde : pas de fric d’ici novembre.
5 octobre 1960
Vu Danielle avec ses 3 enfants (dont Stéphane qui marche avec des béquilles : une jambe cassée en Italie) et les 2 Otero – venus pour un an en France.
Appris que Dante avait signé les 121, mais s’était repris – ce qui paraît étrange de sa part (Bernard le lui aurait conseillé).
6 octobre 1960
Sabathier au fil depuis Langon : il m ‘assure qu’il est devenu adulte pendant mon absence. Son père est mort, celui qui ne l’avait pas reconnu. Une ombre, dit-il, a cessé de peser sur lui. Et puis, il a vu Bertrand Russel, et le duc de Bedford…
J.P. Michaud a eu une histoire : une fille précipitée hors de sa voiture, des flics insultés, arrestation, etc. Dîné rue de la Cavalerie avec les Farvens et leurs amis, un peintre nommé Middleton et sa femme.
7 octobre 1960
O. Merlin et d’autres se disent inquiets : l’atmosphère en France rappelle l’affaire Dreyfus. De fait, on assiste, autour de l’Algérie, à la congélation des deux fractions de l’opinion, prélude général, quoique non certain, à toute guerre civile.
Replanté avec Rapinat le lierre acheté à la Celle-Saint-Cloud. Dîné chez Danielle avec Beï et Ariane. Il y avait les Auclair et les Otero avec leurs 3 enfants : lui n’a pas changé. Toujours aussi souriant et doux. Parlé de l’Algérie, de l’Appel des 121 (dont Auclair est signataire).
8 octobre 1960
Les 121 : position communiste hostile (pas d’insoumission). Ostentation – inutilité.
9 octobre 1960
Bernard à 17 h, puis à dîner. Il est un peu mieux. Use toujours de la chose – mais nie encore (faiblement) que son travail y soit lié. Parlé de l’Algérie – les 121 : Boulez a signé. « Je suis le seul musicien », a-t-il dit à Souvt. Là-dessus, Leibowitz signe – m’approuve de ne pas signer maintenant – de la peinture : il déteste Karl Flinker qui tient une galerie rue du Bac et qui l’a pris avec lui : tout le mic-mac fric du Karl l’écœure. Inquiet de la peinture : « Les peintres en savent de moins en moins ». Il s’intéresse de plus en plus aux mystiques orientales « je deviens cabotin ». Se laisse faire par la haine du monde (un peu ce qui se passe pour moi, et contre quoi je lutte). À la fin, tous sur le tapis en train d’essayer de tenir la position du lotus…
11 octobre 1960
Fait circuler une pétition pour la libération de R. Bénat, l’un des 121 et le seul arrêté. 30 signatures.
12 octobre 1960
Dans Cinémonde, au milieu d’une avalanche de « nymphettes », un articulet de Durkheim sur le film. Vu Chris au journal. Toujours soucieux pour la photo « Julliard Harcourt ». Va partir pour Cuba, dès qu’il aura achevé de monter son « Israël ». Fera peut-être le Crapaud-Buffle en film et le Château. Pense à Louis Malle – mais pas à Chris.
13 octobre 1960
A l’ONU, Krouchtchev de plus en plus violent – et surtout angoissé : le désarmement, les bombes atomiques. Il brandit son soulier et en tape son pupitre. Un cri qu’on n’entend pas.