De Gaulle revient de Roumanie ce soir – un jour avant. Avec les communistes et la CGT, il va tenter de juguler les « groupuscules ».
Vu Gatti à 2 h chez Monloup. Grande conversation : les barricades, les Cohn-Bendit, les « 22 mars », Stéphane – La Route.
Catégorie : mai 1968
Grève quasi générale – sauf gaz et électricité. A la banque : pas plus de 500 F. Essence : des queues de voitures. Les épiceries dévalisées.
Discussions PM. Déjeuner au chinois Marbeuf.
Au journal : D. Cohn-Bendit, retour de Saint-Nazaire.
Rentré en voiture du journal: partis à 6h15, à 7h30 rue de Lisbonne.
Décidé de ne plus être à la CGT.
Cdf à 10 h, me réveillant : Hanoteau. « Alors ? ». M’apprend que Lacaze a tourné sa veste, que Thérond est en baisse depuis la colère de J.P.
Toujours l’attente.
Chez Dante à 11 h en voiture (1 h). Dort encore. Remâche la trahison. Pressenti pour aller à Lyon lire des pièces dans les usines. Indécis. Déjeuner avec lui, Monloup, Klee puis Pia et Sanchez. (Pays et Gendron et le PC.)
Journal : le vide et moins de discissions par rapport à hier. On attend le débat sur la motion de censure et le discours de De Gaulle vendredi.
Reçu le fiancé de Françoise Godde.
Envoyé lettre de démission à la CGT.
A 9 h, rues désertes : pas de cinéma, le débat sur la motion de censure à la TV.
Débats à l’Assemblée nationale. Au journal, tout le monde devant la TV. Patrice Bodin, venu à Paris pour voir : « On ne sait rien à Chamonix ».
Parti à pied pour le bd Saint-Michel. Chez Georges, où va Monod. De là, à la manif. : drapeaux rouges, « Cohn-Bendit à Paris », « Nous sommes tous des juifs allemands », « Les frontières, on s’en fout »… Retourné chez Georges, puis rattrapé la manif bd Raspail. 7 à 8 000. Un barrage énorme de police. Pas d’incidents. Service d’ordre étudiant. Chez Georges où j’ai dîné avec Dante, Monloup et un gars qui revient de Chine, connaît Wang et m’encourage à lui écrire.
Histoire de Stéphane, convoqué par l’archevêque Marty aujourd’hui, après une conduite révolutionnaire à Stanislas.
Journée lente et calme.
Fériée. Pas de voitures.
Le soir, émeutes encore au quartier latin.
Démission d’un chef CGT : il était possible d’avancer vers le socialisme…
Circulation aisée. Soleil printemps.
Génèral Milliot rue St Dominique (pour adresse ENTZ). Atmosphère de tension.
Journal.Appris que Dante est blessé chez Hélène châtelain : les bras fracturés par les CRS hier soir. En voiture jusqu’à Denfert. Resté jusqu’à 5 h, puis à la manif avec Hubert et Daniel Ayfou.
Cdf de Marie-Claude : dit qu’on a fondé un « Comité des écrivains du Seuil », dont je fais, paraît-il, partie. Futilité !
Barricades jusqu’à 3 h du matin et courses dans Paris de la rive droite à la rive gauche.
Couché chez Hélène.
Pas d’essence. Des amis me ramènent au journal. Vu Hervé qui m’offre un thé et parle politique : trouve que le discours ne valait rien, mais que la peur est reine de France.
Toussaint arrive pour me ramener rue Custine.
Files pour l’essence devant quelques rares postes approvisionnés.
La Route. petits travaux
Rentrés en passant par Clichy pour y prendre Mme Viard.
à 8h, cdf de Croizard: ils me proposent de m’inscrire parmi les 11 noms de la société des rédacteurs- futilité.
Refus ouvrier de signer les accords du Châtelet. En voiture au journal. Grandes discussions. Réunion à 16 h pour la Société des rédacteurs. Je combats contre tout vote avant information. Thérond y tient pour être sûr, dans l’inattendu, d’être élu (utile contre JP, GB, HM) .
Déjeuner avec Hemming et Monloup chez Georges. De là, chez Hélène, Dante et ses visiteurs. Avec Hemming, Monloup, J.-L. Pays, Gendron, Daniel, Annick Michaud et Edith stade Charléty : grand meeting de l’UNEF, 40 000 personnes au moins. Mendès France applaudi. Vu Flamand devant l’Odéon; discuté avec lui, Hemming là (Le Seuil est en grève, le comité alors? )
temps chaud orageux.
Avec Sophie Bastoulle (Figaro) et Béi, conduit Dante à Bichat chez Thibault. De là, journal. Déposé Béi. Guerre pour l’essence (5H du Rond Point à la pompe François 1er)
6 h15 : on m’apprend que J.P. refuse la Société des rédacteurs – sur un ton « gaullien ». J’arrive. Dispersion. Nouvelle réunion rue François 1er. Vote sur la société. Arrivée de J.P. Grand discours.
L’unanimité pour la Sté. La majorité pour le dépôt immédiat des statuts.
Gatti : tout OK.