Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’état civil.
Né en 1922 À Hayange en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot » chargé de juifs européens rescapés des massacres nazis.
Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total ».
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.
1er Janvier 1955
MCE : Déjeuner à Clichy.
2 janvier 1955
Beï à Clichy. Décidé de partir quelques jours pour Menton. Gatti me dit qu’il va quitter Match pour revenir au P.L. : trop de temps pris. 1ère neige.
3 janvier 1955
Neige toute la journée sur Paris – elle tient. Visite à 18 h à Beï.
4 janvier 1955
Dégel. Chez Paule, avec le Jacobs, le Petrus et le Bernard revenu ce matin de Bargemon. Déjeuner. L’aprèms avec MCE à Clichy puis aux « Temps modernes ».
6 janvier 1955
Au journal, Marquet malade, Valery vacances, Diwo Rome : Croizard me demande de rester ! Départ 20 h (avec Beï sur le quai) pour Menton.
11 janvier 1955
Un couple de Hollandais – issus de Batavia – me poursuivent de leur amitié, me débusquant dans ma chambre. Il faut prendre le thé à la Potinière. Sympathiques, mais preneurs de temps.
12 janvier 1955
Réponse à une lettre de Dante. Dîner à Monte-Carlo « La Calanque » avec Caillaud. Il me montre sa villa, nouvellement louée et pas encore habitée.
13 janvier 1955
Deux lettres de Beï (avec une lettre jointe de son père, favorable au mariage). Elle me demande d’aller le voir. Irais-je ?
14 janvier 1955
Fini Iliade. Terminé 1ère partie Maufrais.
16 janvier 1955
Toulon. Le père à la gare. Déjeuner à la villa les Pins et visite de chantiers. Atmosphère non froide, mais tiède. Vu Benett qui m’envoie chez la mère Maufrais – Vu la mère Maufrais : d’abord hostile (à cause des articles) puis vite amicale, expansive et triste à mourir.
17 janvier 1955
8 h 55 Paris. Beï à la gare. Déjeuner Clichy. Au journal, Gatti. Une semaine d’ennuis : les supercheries découvertes – carte d’étranger. Lettre d’un inconnu qui revient de Pékin et a vu Wang. R.V. demain.
18 janvier 1955
Avec Beï à l’expo Van Gogh à l’Orangerie – mais fermée encore. Froid vif, la Seine monte. Vu Fenzer, cinéaste parti tourner un film en Chine, à Clichy. Me remet une lettre de Wang « père depuis 8 mois et 5 jours ». Il a reçu le Churchill attend nouvelles.
19 janvier 1955
Beï : Van Gogh, enfin (Donation Gachet) et film de Marlon Brando « Waterfront ». Gnangnan, mais quel acteur !
22 janvier 1955
La Seine monte. Grande mobilisation, allées et venues des badauds sur les ponts et les quais. Ce midi, les 3 Gatti et Beï.
24 janvier 1955
Fini « Princesse Brambella ». Revu document Maufrais du préfet. Décrue. Écrit préfet.
25 janvier 1955
Vu à 13 h la chanteuse Line Renaud partant pour les USA pour un article sur M.-C.
27 janvier 1955
Coup de fil de Friedland. M’invite mardi.
29 janvier 1955
Beï, déjeuner Clichy. Avec elle, au Gaumont « Les Diaboliques » de Clouzot.
30 janvier 1955
Déjeuner chez Martine avec Beï, sa tante et les Rousset. Puis, journal pour papier variole – et Beï à Clichy TV : « les Visiteurs du soir ».
31 janvier 1955
Envoyé 10 000 à Collin. Dîner chez la tante de Beï.
Gatti : Boulez déprimé, veut tout lâcher. Il y a eu en tout et pour tout 50 souscriptions aux concerts de Marigny.
1er février 1955
Soleil. Emmené Beï et sa tante au Bois. Chez Mme Friedland, rue d’Armaillé avec ses amis et autres.
2 février 1955
Déjeuner Filipachi, sa femme et Rognoni, chez Michel.
A l’Alhambra de Clichy avec Beï : « Richard II » de Shakespeare par le TNP (Vilar dans le Roi).
3 février 1955
À déjeuner Beï. 1 000 à Orano, qui m’attendait toute l’après-midi à PM.
Gatti et moi verrons Cl. Roy demain.
4 février 1955
Dîner St-Michel avec les Corvol, les Ancelot, Macher, Maillot et Beï.
5 février 1955
Mendès-France renversé.
6 février 1955
Papier sur Lawrence. Mère revenue malade. Point de congestion. Elle délire la nuit.
8 février 1955
A 11 h 21, Malenkov démissionne. Remplacé par Boulganine, présenté par Krouchtchev. Vu au Bonaparte, « Henri V » avec Beï.
10 février 1955
Pinay renonce à former son ministère. Avec Beï, « la Chute de Berlin » à l’Alhambra, puis l’ai amenée au journal.
11 février 1955
Pflimlin appelé.
14 février 1955
Vu Petrus chez lui : 4 000 F pour les places des concerts Marigny – une signature d’actionnaire à la société.
16 février 1955
Coup de fil du Petrus. « la Reine Christine » avec Beï.
17 février 1955
Chez Bernard, puis avec lui, au Marigny : sur les Champs Elysées, choc avec 203 – constat. Avec Boulez, Mme Tézenas et Souvt., signature des actions de la Société pour la propagation des recherches musicales – puis, raccompagné Boulez : rechoc (Boulez bosse au front). Puis chez Dante, alité avec un épanchement de synovie. Bernard ira, me dit S., passer 4 mois à Bargemon avec lui.
19 février 1955
Pineau battu. On cherche encore le successeur de P.M.F. Cadeau à Beï : séchoir électrique.
20 février 1955
Beï à Clichy. Au restaurant Rabut à Enghien, fiançailles Monique et Gaston, une jeune fille avait pressenti ma mère pour moi ! Rentrés par une tourmente de neige.
21 février 1955
Amené voiture chez le carrossier Lebranchu, Courbevoie. Dîner chez Beï.
23 février 1955
Enregistrement pour Radio Genève de l’interview pour Churchill – Bon.
Mort de Claudel ce matin. La mère du fiancé de Monique a écrit une lettre ignoble à Henri et Fleurette (le lunch trop pauvre, la salle trop petite) sous l’inspiration du père (qui voulait briller aux yeux de son directeur de banque).
24 février 1955
Mort hier de Chaumeix apprenant la mort de Claudel. À P.M., le soir, le gendre de Claudel, Méquillet, vient contrôler. Il a noté sur son calepin les derniers mots. Frédérique : il sent (mais c’était la naphtaline de son costume noir). Lu « La Glace est rompue » de Lanzmann.
25 février 1955
Vu Gatti – debout, excédé des critiques de B. et de S. à propos de ses éternelles retouches à l’œuvre. A reçu une lettre d’Otero (le théâtre spatial achevé). Vu Rognoni. Avec lui et Frédérique au « Corsaire », rue François-1er pour son anniversaire.
28 février 1955
19 h chez Beï, puis chez Mme Martine : elle y essaye sa robe de fiançailles (3 avril ?), bleue avec drapé.
1er mars 1955
Conduit le père à la gare. Ciné : « Rivière sans retour », Marilyn Monroe.
2 mars 1955
Travaillé Maufrais. Avec Beï, Arts ménagers. Lu « Hommes de maïs » d’Asturias. Magnifique.
3 mars 1955
Coup de fil de Pernoud : France-Soir publie information sur Yvonne Chevallier.
4 mars 1955
Gatti, attaqué, après Frey, par le dompteur Alfred Court. Les Orano ont fait chantage au livre sur Flamant : « Voici 10 000 F et allez le porter ailleurs », leur a-t-il dit. (Il avait déjà versé 300 000 F.)
5 mars 1955
Je renonce à la Guyane : 1) Impossible d’amener un photographe et de faire autre chose (Maufrais). 2) Donc, histoire trop mince pour justifier le déplacement des fiançailles fixées au 3. Gatti me remplacera.
Concert Marigny (Petit Marigny plein à craquer – 300 personnes refoulées). Webern : variations, symphonie, 2 Lieder, pièces, concert pour 9 instruments. Puis, chez Tézenas, 5 minutes avec la Paule, Bernard, Petrus, Michaux, etc.
6 mars 1955
11 h Marigny : la Sérénade de Schönberg – précédée d’une conférence de Boulez sur la musique nouvelle (très à l’aise, les mains dans les poches, les jambes bien plantées sur le sol).
Au journal, fait papier sur Norodom. Pernoud manifeste l’intention d’aller en Guyane. A la TV, les « Dames du bois de Boulogne ». Excellent.
7 mars 1955
Pernoud parti – après avoir, par ses manœuvres, écœuré le Dante.
8 mars 1955
Mouvement de la Paix. Envoyé « Almanach des lettres » à Wang. Avec Beï, chez Saby pour lui remettre 5 000 destinés à partir en fumée (il est si dépensier !). Jacobs là.
10 mars 1955
Lettre de la Tempête qui vient la semaine prochaine.
12 mars 1955
Mort de Fleming
15 mars 1955
Avec Beï, vu « La Strada » au Vendôme – chef d’œuvre. Rêvé Beï morte !
16 mars 1955
Souscription pour Pilati, condamné à 250 000 F pour l’accident qu’il a causé (Peillat : Il était soûl, je ne donne rien – Rizzo : non, etc. Une jolie bande).
17 mars 1955
Comme Croizard demandait une augmentation pour Gatti, Gaston hier à Merlin : Gatti et Joffroy, jamais là ; font un papier de temps en temps et disparaissent.
Le mec là pour la bague.
18 mars 1955
Coup de fil de Tempête, arrivé à 7 h. Pernoud retour de Guyane. A vu Billard – Maufrais aurait renoncé à continuer. Le peintre Nicolas de Staël s’est suicidé.
20 mars 1955
P.M. article sur une opération au cœur. Coup de fil de Saby, demandant l’adresse de Kateb (que je ne connais pas. Il est parti pour l’Allemagne.) Coup de fil à Petrus pour obtenir l’aide du préfet dans la naturalisation difficile de C.S.
22 mars 1955
Acheté un anti-monte-lait à clochette
23 mars 1955
Dante me donne des exemplaires de son livre sur les fauves enfin sorti.
26 mars 1955
Gatti furieux contre Pernoud veut lui casser la gueule. Vu Crémieux pour l’accouchement sans douleur.
18 h Petit Marigny : concert Machault (messe Notre-Dame), Nono, et Kammerkonzert de Berg (admirablement joué par Jacobs et le violoniste). Vu Dante, les Souvt., la Paule, sa fille, Bernard. À la gare, Mme Évanno mère au train de Toulon.
27 mars 1955
Avec maman chez les Évanno. Puis journal.
28 mars 1955
Rentré 2 h. Crémieux au journal : ravi par le papier (sur l’accouchement sans douleur). Déjeuner ensemble : évocation du voyage en Chine, Wang et les discours traduits de Mao. Vu Gaston Bonheur et parlé du voyage de noces au Mexique. Le soir, rue Beudant : la mère veut m’offrir, dit-elle, une chevalière. Mais je n’aime pas, dis-je. Donc autre chose.
31 mars 1955
La mère à Clichy, avec les tantes et le même insupportable, désagréable et mal élevé : il en fait pleurer Beï.
Conduit C.S. à la gare – toute ruisselante de larmes, elle a raté l’homme de sa vie, dit-elle.
3 avril 1955
Très beau temps et fiançailles. Déjeuner chez Michel à 10 (nous et eux : père, mère, fils et les tantoches). 25 000 F tout compris. Puis le père expédié à la gare. Présentation Beï au journal après. Congratulations.
4 avril 1955
L’aprèms, Beï triste un peu et moi aussi (la sottise des siens).
6 avril 1955
Démarches pour mariage. Malade toute la journée.
8 avril 1955
Vu Menant. Présenté à Croizard et Diwo.
9 avril 1955
Grippé. Dante seul (les siens à Grenoble chez Toussaint) et Beï à déjeuner, puis chez Diwo et Jacqueline Diwo pour visite protocolaire.
12 avril 1955
Grand-père à l’hôpital.
13 avril 1955
A la mairie pour les bans. Téléphoné à JJ à Lyon. Il sera le témoin de Beï.
14 avril 1955
Vu notaire.
18 avril 1955
Einstein est mort. Coup de fil de Crémieux : on parle du voyage en Chine.
19 avril 1955
« Quiconque éprouve du plaisir à marcher en rang serrés au son de la musique est d’emblée pour moi un objet de mépris ». (Einstein).
Vu Dante à propos de Danielle, invitée ou non au déjeuner (oui hier, non aujourd’hui).
20 avril 1955
Les savants se disputent le cerveau d’Einstein.
Parlé Mexique avec Bonheur. Gatti décroche le « safari » au Kenya (que je lui avais conseillé). Faire-parts rédigés.
21 avril 1955
On parle de Kessel, frère de Jeff, pour prendre en main la couleur de Match.
Avec Dante, au Seuil, puis au Flore, 2 demis et – parlons d’un roman que je ferai. Je dis mes doutes, mes « complexes » peut-être. L’admirable Dante me lance, me pousse, m’exhorte : « Tant pis si tu te casses la gueule, dit-il, il faut que tu dises ce que tu as à dire : la parabole de celui qui a enterré 2 deniers… »
26 avril 1955
Vu avec Dante Jeff à midi pour le Kenya et le Mexique.
27 avril 1955
JJ à Paris – Quelques difficultés pour que Roux accepte le Mexique. Résolues.
28 avril 1955
Mariage. Mairie, café National, Orée du Bois, Chartres.
29 avril 1955
L’île-de-France, puis Petit-Andely, bords de Seine.
30 avril 1955
Rentré Paris. Vu à déjeuner chez Michel les Robert, les Gatti et Bernard (à qui J.J. va faire une expo). Vu les familles en gros et en détail. Fatigue. Temps lourd.
1er mai 1955
Orly 22 h 15.
Mai – juin : voyage de noce touristique à travers le Mexique.
6 mai 1955
Chez Maria Izquierdo, peintre, ancienne amie d’Antonin Artaud – presqu’impotente : recollection des articles écrits par A.A. pendant son séjour au Mexique.
9 mai 1955
Avec Beï et Hautier, visite de la prison centrale où se trouve Mornard, l’assassin de Trotsky. Vu Bernard Reyès (des Affaires étrangères), Gilberto Bosques (du Tourisme), Canton (de la revue Auge). Fait des achats ; dîné avec Marie Lartigue.
12 mai 1955
Achat mezcal.
14 juin 1955
Vu Hautier. Lartigue pas là. Démarches : Air France, pas de place. Télégramme du journal réclamant mon retour.
16 juin 1955
Parti avec Hautier pour Acapulco. Arrivée à 18 h 15. Hôtel Sutter, centre. 30 pesos pour 2.
18 juin 1955
Retour Mexico.
19 juin 1955
Apéritif avec Hautier au Continental ! À 16 h, corridas à la Plaza de Mexico : 2 bonne courses, 1 boucherie. Puis chez l’architecte Yagor, dîner au café de Tacuba, enfin au salon de Mexico – où les Indiens sont fouillés à l’entrée par la police.
20 juin 1955
À 10 h 30, avec Hautier, visite du pénitencier, le mirador, les cachots du « circular n° 1 ». Vu Mornard au théâtre en construction : gras, lunettes, en bleu de prisonnier, calot sur la tête. Furieux de nous voir. Trois fois refuse de nous recevoir et de nous parler.
21 juin 1955
À 7 h, départ en voiture pour l’État d’Hidalgo, chez les Otomis d’Ixmiquilyan avec Hautier, le chauffeur, Beï et un anthropologue d’origine otomie, Maurizio Muñoz. À 9 h 30, arrivée. Visite du centre (P.I.V.M.) puis des villages. Pays de roc et de cactus, sécheresse et soleil. Il n’a pas plu depuis le 10 mai (et c’était la 1ère chute de l’année). Visite d’écoles, de maisons. Poussière. Retour à 19 h 45 à Mexico. Dîner.
22 juin 1955
Dernières courses. À 10 h, dans la voiture Pontiac de Reyis avec un chauffeur policier à la cité universitaire. Retour, déjeuner avec le journaliste Cantar. Acheté appareil photo « Retina » 400 pesos. À 18 h, vu Lartigue de l’ambassade. Dîner avec Muñoz et Hautier, dans un châlet suisse.
23 juin 1955
Départ hôtel avec Hautier à 6 h 15. Donné à Hautier les 300 pesos restants. Il offre une poupée mexicaine. Départ 8 h 15. Arrivée à N.Y. 14 h 45 (16 h 45 heure locale). Départ à 7 h heure locale.
24 juin 1955
Retour à Paris 11 h 30. Au journal, vu Dante : on avait conspiré évidemment. Dante a trouvé un appartement rue Bret, près de Wagram (40 000 F par mois). L’invitation Chine est arrivée pour lui.
25 juin 1955
Donné les films à développer. Reçu carte postale USA décorée de Calder.
26 juin 1955
Bouclage-au journal à 19h.Commencé à travailler à 4h.Lettre allemande à Gatti. Je la traduis (Ingeborg de Berlin). Ici, Boulez a eu des mécomptes : l’Orestie défigurée et coupée par Barrault, les « Strutures » qui n’ont pas eu de succès au Petit Marigny – mais bon article de l’Express sur Baden-Baden.
28 juin 1955
Reçu photos couleur et noir – quelques-une réussies. Le soir, chez Dante qui recevait un diplomate guatémaltèque pour prendre le Popoh-Wuh.
30 juin 1955
Bouclage. Papier sur Marty. Rentré 2 h.
1er juillet 1955
Coup de fil de Farran. On m’envoie à Monte-Carlo (krach boursier).
2 juillet 1955
Hôtel du Louvre. Déjeuner et dîner chez les Caillaud.
3 juillet 1955
Lambert (F.-S.), Théolleyre, les locaux… Délibération Conseil d’Etat. Beï avec. Couché chez Caillaud.
5 juillet 1955
Farran et Galante reçus par le prince. Le soir, avec eux et Ollivier à la Chèvre d’or dont le proprio est l’ancien gérant du Globe à Metz.
6 juillet 1955
A 17 h 30 coup de fil de Paris : je rentre. Train 19 h 03.
7 juillet 1955
Paris 8 h 56. Dîner avec Dante, Groussard et Dansimoni (le père Groussard a un duel en perspective avec un avocat, Me Biscarre). Bouclage. Rentré 2 h.
10 juillet 1955
Gatti, Stéphane, Serge à déjeuner. Danielle pas venue : dépression, disputes, etc.
Travaillé Alexandre le Grand
14 juillet 1955
Papier bon,dit R.Cartier. Bouclage. On me rappelle au journal pour un autre papier sur l’attentat de Hitler.
15 juillet 1955
Avec la mère et Beï, dîner chez Gatti. Sortis à 10 h 30
16 juillet 1955
Cartier, de Genève, veut m’envoyer à Casablanca (troubles). Je refuse. Au Bois avec Beï. À 5 h chez Gatti, et ensemble chez Melle Gonzalez, où se trouvait I. Berval, conseiller culturel du Mexique. Le soir, dîner chez Gatti où se trouvait Patrick Kessel.
17 juillet 1955
À la nouvelle piscine de Levallois. Bouclage de 6 h.
19 juillet 1955
Piscine. Visite à P.M. de Laszlo – de l’expédition Maufrais. Il veut provoquer je ne sais quel scandale dans un journal pour en tirer quelque argent. Il me demande de l’aide. Il veut partir en Amérique. Il a maigri. Il est triste.
20 juillet 1955
À 5 h au journal pour article Maroc. Puis au Vendôme pour « la Révolte des pendus ».
22 juillet 1955
Bouclage. Je rentre vers 19 h. Je rappelle : Croizard me parle d’un « terrible malheur ». On a trouvé de Pirey, mort asphyxié chez lui. C’est la femme de Forestier qui l’a découvert. La femme et la mère de Pirey sont en vacances. Tuyau de gaz arraché, on croit qu’il s’est suicidé : dépression, peur de l’avenir, manque de confance en soi, bruits de sa mise à la porte, Match l’a eu. Rentré 5 h du matin.
23 juillet 1955
Dans la soirée, Croizard me dit que la police avait conclu à l’accident (la pression du gaz étant suffisante, paraît-il, pour arracher le tuyau) !
24 juillet 1955
À 21 h, avec Dante et Kessel, chez Pirey. Autour du cercueil, son frère, sa belle-sœur et un monseur. Le frère nous dit : « C’est très aimable à vous d’être venus ». La mère, écrasée de fatigue, n’est pas là. Enterrement mardi.
25 juillet 1955
Gatti et moi convoqués par la mère de Philippe. Il s’agit, semble—t-il, d’un article de Philippe – d’une nouvelle pour les Lettres françaises. Mais au bout d’un instant, elle parle d’autre chose : de la mort étrange de son fils, le sang sur les murs, les fenêtres fermées, les menaces à lui faites par le clan Lacaze–Rigade, etc. Je reviens très troublé.
26 juillet 1955
Funérailles à St-François-Xavier, puis à Bagnolet. Le cercueil trop grand pour l’ouverture du caveau. Avant, avec Dante, à la gare du Nord, accueilli Ingeborg, une Allemande de Berlin. Le soir, invité, avec Dante, chez les Marchal au restaurant. Ils étaient ravis, nous aussi.
27 juillet 1955
Parlé à Kessel. L’invite à faire son enquête. Papier à faire sur les volcans.
28 juillet 1955
Avec Dante, Kateb et l’Allemande Ingeborg, sur le bateau de Marchal. Déjeuner à Villeneuve-triage. Kessel : « C’est peut-être un suicide provoqué ». La nouvelle de Pirey a paru dans les Lettres françaises.
29 juillet 1955
Gatti part mercredi au Guatémala. Il passera par Mexico.
30 juillet 1955
France-Soir annonce : soucoupes volantes ; officiel Eisenhower annonce la prochaine expédition d’un satellite artificiel.
A 16 h 30, R.V. avenue de Versailles avec M. Monestier et Kessel, Gatti. De là, chez eux. 1) la belle-fille Christiane, femme du frère aîné, snob, dissipée, dépensière, a été la maîtresse de Lacaze. 2) elle était à Cannes au moment des algarades entre Lacaze et Pirey. 3) elle a appuyé à toute force l’hypothèse de l’accident. M. Monestier craint pour son fils, le jour où il apprendra qui est sa femme.
31 juillet 1955
Mariage Monique 15 h à la synagogue rue N.-D.-de-Nazareth. À 17 h, chez Ledoyen, lunch puis dîner. Rentrés à 24 h.
1er août 1955
Marcel Niedergang du « Monde », qui devait aller avec Dante au Guatémala, y renonce.
3 août 1955
Dans le « Canard enchaîné » un article sur Pirey, assez faux et assez juste – mais suggérant le suicide par dégoût.
Conduit Dante au Bourget pour l’avion KLM. Il part avec Niedergang, finalement (Paule Thévenin là, avec Kessel, Toussaint, Kateb, Beï). Paule va partir pour Bargemon où se trouvent déjà Petrus, Saby et Jacobs.
4 août 1955
Kessel se bat avec Hanoteau, colporteur du bruit qui l’accuse d’avoir suggéré l’article du Canard. Le revers de la veste d’H., déchiré. Grosse émotion. Mais cela freine les choses. Marianne Monestier dit à K. : « Si on veut faire de vous le bouc émissaire, je m’en vais. » K. voit Bonheur, Mille. Tout se calme, s’apaise en attendant la prochaine tempête. Diwo promu responsable de la « couleur ».
5 août 1955
Vu Hanoteau, prêt à s’excuser. La chose est faite aussitôt après. Vu Dubois, préfet de police, papier sur Nord-Af (la Goutte d’Or). Mille, charmant esthète, parlé de Boulez, Jacobs.
6 août 1955
Départ pour Lorient (parents de Beï) à 11 h. Arrivée 11 h 45. Hôtel Beauséjour. Lanester, vu la belle-famille.
7 août 1955
Plage de Larmor, la Potinière, banquet de famille : 23 personnes, dont une en coiffe. Le cousin Maturin Juguet (dit le Conjuguet) m’a diverti.
8 août 1955
Départ Lorient. Paris 17 h 15. Journal. Papier sur Dominici. La « bande » continue à désigner Kessel en coulisses : on donne les noms des gens à qui il aurait fourni les informations. Bisiaux me parle de Rognoni. Téléphoné à Rognoni : C’est Bré, d’Europe n° 1 qui a donné la chose au Canard !
9 août 1955
Déjeuner chez les Thévenin. On parle de l’affaire Pirey-Kessel.
Bombe le soir : sorti du grand bureau à 20 h 15, Kessel pâle me dit : « Je pars avec mes indemnités. Je leur ai tout sorti ». Marianne Monestier l’attendait en bas pour le ramener à Versailles. Coup de fil vers 22 h de Kessel pour détails supplémentaires. Rigade a demandé des lettres attestant que P.K. aurait fourni les renseignements de l’article en cause (Rognoni, Bré, Bradier).
10 août 1955
Mille a convoqué le père de Patrick. Bonheur aurait dit que la mise à la porte de P. était impossible (à cause de tout ce qu’il a dit hier sur le gang). Les types n’ont pas fourni de lettres, me dit Kessel. Écrit à Saby, Caillaud. Kessel à Clichy à 18 h pour me montrer projet de lettre que Mille souhaite qu’il signe.
11 août 1955
L., Marie-Hélène, Durieux disent : « Lacaze a la preuve formelle par Laroche que Kessel est coupable. Laroche est venu soumettre à K. le texte de son article. « et K. l’a approuvé ». K. va voir G.Bonheur qui le convoque à 15 h 30 avec Lacaze. Mais, à cette heure-là, je trouve K. dans le burreau des reporters, subissant les invectives de L., déchaîné, sous l’œil haineux ou indifférent des autres. « Si on veut me compromettre dans cette histoire, dit L., ce sera sanglant. J’ai 37 ans. Je me fous de ma situation, etc., etc. » Et il essaie de dire que le suicide pourrait être « politique » – qu’un tiers aurait pu affoler Pirey en lui racontant des mensonges alors qu’il était en réalité le favori de Rigade, de lui-même, etc. J’interviens à deux ou trois reprises. On me lance des regards sombres. Me voilà averti et visé !
12 août 1955
L’altercation d’hier a, malgré tout, assaini l’atmosphère (Lacaze a, en fait, lâché du lest, il n’accuse plus K. que d’avoir bavardé). K. a reçu son chèque : 1 million. Le soir, à la gare Montparnasse pour y prendre les beaux-parents et les ramener à Clichy.
13 août 1955
Vu Rognoni : il me dit qu’il a pris ses précautions pour le cas où il aurait un accident. Lettre de Dante, du Guatémala : tout est à sa disposition.
15 août 1955
Papier Dominici avec Giaccobi. Parlé avec Gaston Bonheur de l’atmosphère au journal. Fête de Beï.
16 août 1955
Coup de fil de Vieux-Bouscau : envoyé 1 000 à Danielle.
17 août 1955
Conduit la belle-mère et Éric au train de 9 h 15.
Le « Canard » publie un démenti – encore plus lamentable que l’information.
19 août 1955
Vu « la Colline 24 ne répond plus », film israélien sur la guerre de 1948.
22 août 1955
Plus de 1 000 tués en A.F.N. Papier sur Bing Crosby. Vu Patrick, il me dit, confidentiellement, que l’enquête serait réouverte (sa femme, partie civile).
24 août 1955
Explication avec Lacaze qui part en vacances et ne veut pas, dit-il, être mal avec moi. Bateau-mouche avec Beï 22 h à 23 h : pagaille, lenteur, ennui.
25 août 1955
Fatigue. Vu Patrick : juge nommé, médecin légiste, autopsie ces jours-ci. Coup de fil de Kateb enchanté du papier sur les Nord Af (il va peut-être entrer, grâce à Chevallier, à Libération). Coup de fil des « Échos » qui me proposent de collaborer. Réponse demain (c’est la suite du papier Nord Af.).
26 août 1955
Dante rentré aujourd’hui. L’ai vu à 19 h au journal. Guatemala : tout est pire que ce qu’on en pensait (malgré les facilités offertes). Mexico : 3 jours. N.Y. 3 jours. Lui raconte l’affaire Kessel – et les bruits qui disent que Dante est sur la liste des proscritions. Téléphoné Rossner (« Échos ») pour R.V. Lettre d’insultes d’un fasciste Nord-Af.
27 août 1955
Gatti : c’est fait (départ – avec délai de 2 mois – après la Chine). Raisons : Pirey, Kessel, le papier de Cartier. Son désir de s’en aller coïncide avec leur désir de s’en débarrasser. Lettre de Saby (Boulez « gênant » entre lui et Paul – et la Paule aussi). Embêté, vaguement dégoûté et toujours incertain sur la peinture.
28 août 1955
Marquet : il s’étonne, non du départ de Dante (il est au courant depuis longtemps) mais de son opinion sur l’affaire Pirey. Il dit que s’il s’est suicidé avec une femme, c’est un type qui ne l’intéresse pas. Il adopte la thèse des autres sur le type qui aurait découragé Pirey (le Diable Kessel ?). Triste !
Bavardage avec Dante sur Bargemon, le Mexique, le perroquet.
29 août 1955
Avec Dante et Patrick, vu Mme de Pirey (Philippe). Elle est persuadée que ce n’est pas un accident, pas davantage, croit-elle, un suicide.
30 août 1955
Histoires à propos de lettres trouvées dans le tiroir de P. de P. et que K. a remises à la belle-mère et non à Marianne Monestier (des lettres confidentielles).
Vu Rosner des « Échos », papiers, reportage en marge de l’économie. Il me mettra en contact avec l’Express qui va devenir quotidien.
31 août 1955
La famille rentrée. Vu Bonheur pour un papier sur Townsend. Il me parle de Gatti : « il ne doit pas croire que c’est à cause de l’histoire Kessel. Il était sur la liste avec d’autres (Martin-Chauffier, etc.) ». Vu Domenach et Béguin d’« Esprit ».
1er septembre 1955
Téléphone Jeff. R.V. la semaine prochaine.
4 septembre 1955
Papier Townsend (avec les « révélations » de Sallebert).
5 septembre 1955
Lettre d’un ami de Wang, Robert Menegoz, cinéaste retour de Chine – me rapporte un cadeau de mariage de Wang.
6 septembre 1955
Vu Mme Maufrais, sœur d’Edgar, chez elle, à St-Mandé. Son frère arrive après-demain (la mère folle, tous ruinés).
7 septembre 1955
Vu Menegoz qui me remet un livre d’estampes chinoises du peintre Chei-bei-che (97 ans) et une parle de là-bas : Wang, plein de velléités d’écrire, sa femme, dragon de la Révolution, etc. À 20 h départ de Clichy avec Beï et le photographe Camus pour Le Havre. Couché là.
8 septembre 1955
Vu Maufrais avec sa sœur débarqués du Laennec. Il a maigri mais veut y retourner.
9 septembre 1955
Avec Beï et Camus (qui part pour le Maroc), revu Maufrais le soir ; il était au café, faisant un billard rue de la République à St-Mandé avec son frère. Lui ai offert pourcentage sur le livre.
Jeudi, départ de Gatti pour la Chine par la Russie, la Sibérie, la Mongolie. Déjeuné avec lui, Jeff et Patrick : parlé de l’affaire Pirey et du triste M. Pinay.
12 septembre 1955
Coup de fil de Dante : il a reçu une convocation de Lazareff.
13 septembre 1955
Gatti engagé par France-Soir à 200 000 F. Lazareff prend une option sur la Chine. Dante dîne avec Michaux.
14 septembre 1955
Vu Menegoz qui donne à Dante ses conseils pour la Chine. À déjeuner Dante, Danielle, Bombelet, Rolland. Puis, avec Danielle, chez Flinker : achat de livres pour Wang (Paris des rêves, La France de profil). Coup de fil de Delsart, du « Progrès de Lyon » : le patron, Brémont, veut me voir. Il sera à Paris à partir de lundi.
15 septembre 1955
Mille a recommandé Dante à L’Express qui devient quotidien. Ils l’ont vu hier, mais il préfère F.-S. Gatti a touché 500 000 de frais pour lui et Chris Marker, plus 600 $ du Parisien. Il termine dans la nuit ses articles sur le Guatemala.
16 septembre 1955
Mis Gatti à l’avion (Kateb et la Suédoise, les Toussaint, Danielle et le gosse, Kessel et sa femme). Parti à 10 h 05 par avion tchèque, avec Marcelle Auclair.
Le soir, parmi les embouteillages (Paris sans métro ni autobus), à l’ambassade du Mexique (fête nationale). Vu Bodet, Kessel, Melle Gonzales. Kessel m’a demandé : « Mille ne t’a pas encore appelé ?…
17 septembre 1955
Le soir, amené à Danielle le manuscrit de l’enquête de Dante pour le P.-L., revu et terminé.
20 septembre 1955
Bremond propose collaboration intermittente – après beaucoup de compliments.
21 septembre 1955
Parti pour Hayange avec Beï. Arrivé à 16 h. Braderie. Monde fou, impossible d’entrer.
22 septembre 1955
Départ pour Metz. Couché au Globe.
23 septembre 1955
Déjeuné à Valmy. Vu le champ de bataille et le moulin. À Paris 16 h 30.
24 septembre 1955
Carte de Dante, datée de Moscou. À midi, Danielle, Bombelet, Patrick et Kateb à Clichy.
25 septembre 1955
À Summmer (Mississipi), un jury acquitte les 2 assassins blancs d’un enfant nègre de 14 ans, coupable d’avoir sifflé d’admiration devant la femme de l’un d’eux. Les faits étaient patents.
26 septembre 1955
Yom kippour. Lettre de Mexico : Lartigue.
27 septembre 1955
Arrestation de Robert Barrat, écrivain et journaliste catholique pour avoir interviewé les rebelles algériens et ne les avoir pas dénoncés.
28 septembre 1955
Grève à l’imprimerie de PM.
29 septembre 1955
Déjeuner avec Obolensky chez Michel. Commencé à lire réellement « le Temps perdu ».
30 septembre 1955
Dîner avec Beï chez Danielle. Revenus tristes. Beï pleurant. Elles se détestent.
1er octobre 1955
Le sultan Arafa part pour Tanger. L’ONU inscrit l’affaire algérienne – la France se retire. Et le reste : les scandales de Rab at, la fuite du chef du protocole, etc.
Carte de Pékin : Wang n’a pas été trouvé, dit Dante. « Pays campé dans la grandeur et le vent debout ».
2 octobre 1955
Révolte des tribus du Rif. À Match, j’apprends que la femme de Descamps a été trouvée morte empoisonnée par des somnifères. « La maison des morts subites ».
Coup de fil de Mariane Monestier. Départ pour l’Italie remis. Vu Danielle.
4 octobre 1955
Danielle téléphone : Dante a vu Wang et verra Mao Tse Toung.
6 octobre 1955
Départ pour l’Italie. Arrêt Moulins à la préfecture. Vu Vignon, sur le point de partir pour Paris. Il a été dégommé par Gaumont, sénateur de la Guyane et remplacé par Malvy, qui fait le contraire de sa politique (reserrement au lieu d’expansion).
Lyon, vu les J.-J. Dîné avec eux. Liliane en pleurs. JJ égoïste et « détraqué » (malade), le trompant, la bafouant. Triste ! Hôtel d’Angleterre.
7 octobre 1955
Modane, Turin.
8 – 10 janvier 1955
Menton – travail Maufrais – Iliade.
8 octobre 1955
Vérone hôtel Romeo Giuletta (évidemment !)
9 octobre 1955
Padoue (Dotto), Venise – les Hulot en gondole avec bagages et couverture sur les jambes – la barque de musiciens et chanteurs devant le « Bauer ».
13 octobre 1955
Visite de St-Marc. Trésor et les chevaux.
14 octobre 1955
Gênes. Achats. San Remo.
16 octobre 1955
La Seyne. Vu à Toulon les Maufrais chez eux.
17 octobre 1955
Travaillé au jardin sous l’olivier de Judée. Les drames éclatent. Lettres annonçant la maladie du gendre en Afrique et son rapatriement. Le père Évanno voudrait aussi divorcer. L’une après l’autre en larmes.
19 octobre 1955
Paris. Lettre de Dante, de Shanghaï. Il a été malade à Pékin. « Inutile de discuter, le pays est engloutissant ».
20 octobre 1955
Diwo m’annonce : à la suite d’une violente discussion avec Lacaze, Rigade s’en va. Raisons : mystère. On dit que c’est parce que Rigade aurait couché avec la femme de Lacaze. Coup de fil à Danielle : Michaux refuse de donner une préface. Coup de fil à Paule.
21 octobre 1955
Téléphoné Petrus pour retenir places Orestie. Il a toujours, dit-il, énormément de travail. Bouclage. Photos exposition de Cartier-Bresson. Il était là, avons travaillé ensemble.
22 octobre 1955
Lettre à Dante. Coup de fil à Rognoni : d’après lui, Mme L. couchant depuis des années avec R., simple prétexte.
23 octobre 1955
Vote sur le referendum en Sarre. France-URSS football : 2-2
24 octobre 1955
La Sarre repousse l’européisation.
Castans : ce pourrait être une brouille arrangée pour préparer un point de chute et étendre le groupe dans un autre journal. Entendu dire que Bonheur s’en irait. Castans dément.
27 octobre 1955
Coup de fil de Bernard : son expo demain galerie du Dragon de 5 à 8. Il se dit « détendu … la galerie n’est pas marquée ». Le soir, avec Beï, au Marigny : l’Orestie. Après, raccompagné Boulez chez lui.
28 octobre 1955
Allé déjeuner chez Paule, sur coup de fil. Avec Paule, exposition Saby. Bien. Vu Alain Cuny qui rêve d’aller en Chine « pour y épouser une chinoise ». Michaux, Flinker.
29 octobre 1955
Vu Kessel. Dit que la femme de Descamps, d’après D. lui-même, se serait suicidée. Certains, comme Borgé, auraient téléphoné pour la mettre au courant des infidélités de Descamps… L’affaire Pirey continue. Interrogations.
31 octobre 1955
Le sultan rentre par avion en France, à Nice. Margaret renonce à épouser Townsend. Triomphe du conservatisme imbécile.
2 novembre 1955
Déjeuner Boulez, Beï chez Michel. Politique : il vitupère contre Faure et les élections – contre l’Express, dernière chance de la droite. Après, visite des tableaux de Saby. Remis au Seuil le Maufrais.
3 novembre 1955
Vu Despuech, du trafic des piastres, camionneur maintenant, et encore à condition qu’il soit discret. Prévenu en 1952 par Teitgen qu’il serait en danger ; persécuté, procès, convocations, lettres anonymes. Croit au sabotage de l’avion de F.J.A. (il avait des documents incriminant le fils Auriol et l’avait dit).
Vu « Les Grandes manœuvres » de René Clait – quelconque.
4 novembre 1955
Coup de fil de Danielle : Dante prend le transsibérien pour rentrer.
6 novembre 1955
Coup de fil de Bernard : il voudrait que quelqu’un de Match photographie les tableaux vendus.
7 novembre 1955
Vu Kessel, engagé à 95 000 F + primes. Avec Litran, galerie du Dragon pour photos Saby. Vu Patrick Waldberg.
8 novembre 1955
Cayrol a lu et est intéressé.
10 novembre 1955
Vu Danielle : Dante rentre le 15. Sa lettre est pleine de lyrisme.
12 novembre 1955
Mort de Mme Coty. Vers midi, Beï me dit quelque chose qui la concerne
14 novembre 1955
Beï, crise de dépression à cause de l’événement (d’ailleurs non certain encore).
15 novembre 1955
« L’annonce faite à Mamie ! »
16 novembre 1955
Dîner chez les Toussaint.
17 novembre 1955
Dante rentre demain par le train, gare de l’Est. Menant admis à la pige.
18 novembre 1955
A 8 h 55, Gatti arrive avec un bonnet russe. Cadeau de Wang à ma mère : une pièce de soie.
19 novembre 1955
Lettre de Maufrais pour la tribune des lecteurs. Coup de fil à Cayrol : bouquin jugé bon, mais sera-t-il commercial ? Réponse lundi. Chez Marie-Hélène, pour y passer les couleurs du Mexique. Rognoni venu – et sommé de terminer son livre sur la Guyane
21 novembre 1955
Appareil à projection 22 000 F, acheté rue Lincoln. Le Seuil (Cayrol) ne prend pas le Maufrais. Bon, mais question de délais, etc., etc.
Chez Dante : parlé des projets divers (le Fleuve jaune, France-Soir) et de Wang, toujours inquiet pour moi.
24 novembre 1955
Dîné avec Beï chez Henriette Chandet avec Segonzac, sa femme ( ?) et une autre personne.
26 novembre 1955
Gaston B. me dit que l’augmentation était accordée : 275 000 F.
Dante et Chris Marker au journal. Manque de couleurs pour le Fleuve jaune.
28 novembre 1955
Envoyé à Boulez 2 400 F pour les 4 concerts du Marigny.
29 novembre 1955
Vu Dante. Apporté ses manuscrits tapés par Martin.
30 novembre 1955
11 h 35 : train pour Sens dans la cabine du conducteur. Retour 14 h 22.
1er décembre 1955
Avec l’ingénieur Vincent, La Chapelle, dépôt machine à vapeur. Paris–Amiens (chauffe à la pelle). Déjeuner, puis retour (chauffe au stoker).
Dissolution de l’Assemblée nationale. Edgar Faure exclu du parti radical.
6 décembre 1955
Apporté à Dante livres sur la Chine. Reçu carte : Mme Tézenas sera chez elle…
8 décembre 1955
Concert piano Jacobs, salle théâtre de l’ambassade des E.U. rue du Fg-St-Honoré. Schönberg, Bernard, Dante, Paule, Souvt., Robbe-Grillet, A. Jouffroy (Petrus pas là).
9 décembre 1955
Gatti me donne une invitation pour la conférence à la Mutualité sur la Chine.
10 décembre 1955
Ray Robinson redevient champion du monde de boxe poids moyens. Concert Schönberg à Marigny (Ode à Napoléon, sonate, Pierrot lunaire). Très bon concert. Scherchen – Souvt., Petrus, Paul et Bernard, Paule. Pas allé chez Tézenas.
11 décembre 1955
A 20 h 30, Mutualité, meeting des « retour de Chine » (J. Levy, M. Leiris, Lurçat, M. Auclair). Gatti sur l’estrade. Motion votée demandant la reconnaissance de la République chinoise (unanimité moins une voix). Revu Janine Bonnardot, membre des Amitiés franco-chinoises.
13 décembre 1955
Dîné chez Paule avec Alain Cuny et Dante. Cuny veut aller en Chine – pour y trouver de la Chine – et des Chinoises.
14 décembre 1955
Cocktail chez Martini, 52 Champs-Élysées – pour un livre « le Juif du ciel ». Carrière ouvre avec Montarron. Carrière vidé de « Détective » va entrer à « Constellation ».
16 décembre 1955
Coup de fil de Kateb pour dîner chez Chevallier. Coup de fil d’Helmann pour sa campagne P.C.
17 décembre 1955
Dîner couscous, avec Beï, chez les Chevallier, rue de Longchamp (Kateb, son cousin Mustapha, Soulines et sa femme et un photographe Lipintsky, vaguement réactionnaire pour avoir été au Vénézuéla et avoir contemplé le parfait exercice d’une dictature paternelle).
19 décembre 1955
Cocktail mariage de Charles Courrière avec la fille du jockey. Scotch. Je rentre ivre.
20 décembre 1955
Déjeuner Clichy : M.-H. Viviès, Kateb, Obolensky, Rognoni.
21 décembre 1955
Commande d’un papier sur Minou Drouet. Confirmation : Bei enceinte.
22 décembre 1955
Vu René Julliard pour Minou Drouet : très embêté par l’affaire, mais apparemment encore convaincu (la mère n’y met que des scories, la petite fait l’essentiel). Voit un complot des « petits reporters » de tous journaux (Pilati, Michèle Perein, Derogy, etc., et couchage Perein-J. Laurent). Serait d’accord pour papier, mais si nous défendons son point de vue. Fait des difficultés pour laisser voir la petite. À midi, avec Bisiaux et Bremer au Perray, où je trouve en convalescence Reine Horay. Maufrais refusé (sans conclusion, etc.). Repas excellent avec, en outre, André Dhôtel.
Augmentation confirmée : 75. Le journal agité sans que je l’aie su depuis des mois par la publication de l’IM. Le staff dans P.M. bataille de titres (Pernoud, Castans, Croizard, Marquet, Clerc, Bonheur, Mille, Cartier, etc.) je suis « grand reporter écrivain ».
23 décembre 1955
Association les Grands reporters : J.B.D., Helsey et S. Téry. Nouveaux projets : grand prix du journalisme et ordre des journalistes.
Gatti à P.M. las et écœuré de Roux (qui donne 100 000 et pas d’indemnités), de Bellanger.
24 décembre 1955
Avec Beï, train pour La Baule à 14 h 45. Arrivée 20 h 40. Taxi Le Pouliguen puis Le Croisic. Hôtel Océan (réveillon 250 personnes + nous).
25 décembre 1955
Émotion : une femme trouvée sur la plage à demi immergée. Tentative de suicide après le réveillon mexicain. Branle-bas – souliers sur une table avec un chapeau de papier. C’est la femme d’un marin-pêcheur. En car au Pouliguen (hôtel des Voyageurs). A 16 h, chez l’architecte Bourrineau vu les Drouet (fille, mère, grand-mère), au milieu de leur clan (les Boesch et les Bourineau). La petite au piano puis jouant avec ce qu’on lui a offert. Retour au Pouliguen, après R.V. avec Mme Drouet.
26 décembre 1955
Quitté « Les Voyageurs » non chauffé pour l’hôtel Continental à La Baule. A 15 h chez les Drouet, villa Nain Jaune au Pouliguen. La petite Minou, fatiguée mais présente, sage, douce, distraite. A 18 h chez les Boesch à côté (Boesch est astrologue et a fait le « ciel » de la petite).
27 décembre 1955
Chez les Boesch à 11 h. Déjeuner là, puis l’antiquaire Mme Neveu, le jardinier, la femme de ménage, le curé, le bonnetier confident du général – tous contre sur le plan de « tortures » aussi bien que sur celui de la création. Puis le commissaire de La Baule, qui n’a pas fait d’enquête, mais une information et ne croit pas l’enfant martyre. Téléphoné à Paris à Pilati.
28 décembre 1955
Vu le substitut du procureur (d’accord avec le commissaire). Puis, chez Mme Chevalier, ancienne femme de peine des Drouet. Elle est formelle : « C’est un bourreau d’enfants. Elle la pinçait, tordait les poignets, tirait les cheveux ». Puis, chez les Boesch, explication. Ils sont d’accord sur ma suggestion : réunir Melle Drouet et la Chevalier. Drouet d’accord. On part en voiture dans la nuit près de la gare : Drouet reste dans la voiture. La femme C. d’accord. Confrontation orageuse, agitée puis silencieuse, mauvaise. C. accuse. D. ricane. On s’en va. Dans la nuit, la fenêtre des D. s’ouvre sur la grand-mère, effrayée et la petite-fille déguisée.
29 décembre 1955
Loué 4 CV. Vu Melle de Parades, la coiffeuse Yvonne qui ne savent rien. Et le curé, Roberdel, bien embêté quand nous lui disons que peut-être Mme Drouet attaquera en justice Mme Chevalier.
Ensuite, départ pour La Guerche. Vu les amis et connaissances des Drouet. Bourrasque dans la nuit. Au cinéma, Pain, amour et fantaisie, coupé par une panne de courant. Hôtel du Soleil d’Or.
30 décembre 1955
À Vitré, vu l’institutrice Mme Le Pinçon, qui a eu Minou pendant deux ans. Hostile et jalouse. Retour sous la pluie. Près de Nozet, la 4 CV dérape. Accident évité au bord du fossé. Revu au Pouliguen (Nain Jaune) les Bosch et les Drouet. Train Paris 17 h 15.
31 décembre 1955
Les papiers de Dante passeront – après mise au point.
Lettre de l’infâme curé demandant de ne pas donner le témoignage de la femme de ménage (par peur de plainte des Drouet).