Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’état civil.
Né en 1922 À Hayange en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot » chargé de juifs européens rescapés des massacres nazis.
Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total ».
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.
2 janvier 1978
L’Express. Revu O.T. Déjeuner avec Sabine et Dufreigne (qui est aussi écrivain : un premier roman chez Flammarion. Me dit qu’il y a 39 auteurs à l’Express d’après ses calculs).
4 janvier 1978
Resté à la maison. Revu le chapeau pour les « homos » – revu le papier « Météo ».
Cdf de Suzanne, la secrétaire. OT veut que je fasse le chapeau Montaldo. Refus motivé. L’aprèms, note de Suzanne : OT tient à ce que je fasse le chapo. Je le fais (tel qu’il n’a pas de chance de passer). Un pot à l’étage, offert par le secrétariat de rédaction. Ensuite, dîner chez Georges.
5 janvier 1978
L’Express toute la journée. Déjeuner avec Braudeau. Travaillé papier Derogy, corrigé le Montaldo, etc.
6 janvier 1978
Fruit sec. Travaillé sur le « hyode proter ». Compté infiniment les mots.
9 janvier 1978
L’Express. O.T. de belle humeur. Me complimente. Refuse que Sabine s’en aille, demande à Braudeau de lui faire des propositions de papier. Que se passe-t-il ? dit Sabine. Chapo chinois.
10 janvier 1978
Rechapo chinois. Titres pour le Montaldo, révision du chinois (après corrections de Guyonnet).
12 janvier 1978
Photocopié « l’Opticien ». 3, 4, 5e mouture du chapo chinois. Déjeuner avec Braudeau et Todd.
14 janvier 1978
Travaillé papier Derogy sur le « France ».
15 janvier 1978
Rendu le Derogy (France), corrigé épreuves chinois, calibré Aron, Corrigé Hamon. Grande agitation dans le journal : J. Goldsmith convoque tout le monde à une réunion au California à 5 h 30. Bruits : Grumbach est saqué – à cause (prétexte) de la couverture montrant Mitterrand en coq. O. Todd est plutôt gai. 200 personnes. J. Goldsmith annonce : G. devient vice-président du groupe (plus rien à faire avec l’Express). O.T., Guyonnet et Y. Cuare sont rédacteurs en chef conjoints, Guyonnet étant le « inter pages ». Plutôt bon accueil à la chute de Grumbach.
Dit à Braudeau à midi au restau le titre du bouquin : « Par les petits chemins de l’abîme ». Le trouve bon. D’ailleurs, ne l’aurais pas changé, même s’il l’avait trouvé mauvais.
17 janvier 1978
OT me dit de faire la « lettre » de l’Express à la place de Grumbach. Me demande aussi de venir le jeudi soir pour quelques semaines.
18 janvier 1978
Fait le projet de « lettre » (3 p). Revu l’Aron. OT me dit de rester demain à la maison puisque je travaillerai le soir. « Ah ! Il faut quatre soirs au générique ». « Je préfère une augmentation ». « Déjà ! ».
19 janvier 1978
Vers 10 h, neige abondante qui recouvre les toits, s’accroche aux trottoirs. Sabine me dit qu’elle veut réellement quitter l’Express : elle a autre chose en vue. Reçu de Derogy le livre de Théolleyre : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée ». Y parle assez longuement du procès que j’ai eu pour l’exécution de Buffet, Bontemps. Rentré 10 h 30 avec le pavé de l’entretien Mendès – Aron (pour lundi).
20 janvier 1978
Commencé à travaillé. Cdf de OT : « Navré, le Mendès-Aron est pour ce soir… ». Réduire à 20 un texte de 90 pages. À 6 h, fini. Téléphone pour un cycliste. OT me dit : que 30. Il faut 20. On travaillera demain… l’air ennuyé tout de même.
23 janvier 1978
Photocopié 2 chapitres (Ste Isaure et Résurrection). Pas un mot d’OT sur le papier Aron-Mendès, mon absence de samedi…
24 janvier 1978
Déjeuner avec B. et Braudeau aux Corses.
25 janvier 1978
« Chez Francis » place de l’Alma : Caillaud, Alfonsi (Europe 1) et Dammanne. Réduction du France (37 à 23). Révision de l’Aron (JJSS – FG).
26 janvier 1978
Corrigé l’Aron-Mendès. Donné à taper le Derogy, revu. Déjeuner avec Kravetz. Parlé de Libé (au moment de Stammheim, leur crédibilité sur le suicide, motivé par la concordance des infos mais contraire au sentiment de la rue. Il n’était d’ailleurs pas là), des autonomes dont on parle à tort et à travers, de l’Israël et Begin, qui a laissé passer la chance (il paraît à une nouvelle guerre), Mendès France qu’il veut voir (je lui donne son numéro de téléphone).
Petite conférence dans le bureau d’OT des gens de « projets à long terme » : Sabine, Sophie Lasne et moi.
27 janvier 1978
Certitude partout répandue que la gauche gagnera les élections en mars.
28 janvier 1978
Cdf de l’Isle-d’Abeau de Hocquard qui me passe Dante : « On a besoin de toi, gros. Le journal ! tout le monde le réclame ». Convenu que j’irais en fin de semaine, puis plus longtemps ensuite. Il a eu un accident : passé à travers un pare-brise. « Rien ne me résiste ».
Cdf aux Smith. Bill s’étonne que je sois revenu dans cette « épouvantable profession ». Va avoir un livre édité en numérique.
30 janvier 1978
Express avec Derogy. Réduit le papier de 20 à 16 pages.
Téléphoné à Kravetz : ne peut pas venir à Lyon vendredi avec moi.
31 janvier 1978
Express. Rien. Une dame Décosse qui a travaillé avec Derogy (sur l’acheteur du France) retire sa signature du papier (c’est mauvais, c’est contre son objet, etc.).
1er février 1978
OT. Le papier Derogy ne passe pas cette semaine. Cdf à JJ : je viendrai vendredi. Téléphoné aussi à Dante (il est à Strasbourg, j’ai eu Stéphane).
2 février 1978
À 23 h 30, cdf d’OT : Cruau et Guyonnet jugent le document Kashoggi périmé. En faut un autre. Décidé (d’assez mauvaise grâce) de retarder mon voyage.
3 février 1978
Express. Choisi un autre texte. Fait. OT en panique : photocopie ! calibrage ! Où est Sabine ? « Tu ne veux pas prendre sa place puisqu’elle s’en va ? Il y a des remous à ton sujet. Ça ne peut pas marcher, le triumvirat…, …Déjeuner Corses.
Train de 13 h 20 (Mistral). 17 h Stéphane, au Progrès : J.J. puis Jean-Louis. Dîner précoce aux Marronniers avec eux. De là, en vitesse à l’Isle-d’Abeau (ville nouvelle qui n’existe pas – et n’existera pas). Au Château. Gus, Véro et Jojo, le grand Jojo, Arbatz, Daniel et Muriel, Dante au lit : la grippe. Parlé de tout : Stammheim, l’attitude de Libé, le projet ici autour de Rouxel du groupe Manouchian, fusillé. Du journal que je vais essayer de faire. Couché dans la chambre de Stéphane chauffée.
4 février 1978
Beau jour levé sur le petit lac avec ses poules d’eau. Vu le film de Stéphane sur Roger Rouxel. Traînaillé au soleil, regardé les dessins d’enfants et d’apprentis, lu les textes. Après déjeuner, invasion d’une douzaine de « loulous » du coin, venus prendre le café. Vu les travaux des autres : Gus, Jojo, Véro, etc. Arrivée de Kalern. Train à Bourgoin à 17 h 07. Perdu mon ticket. Contrôle : obligé de payer. Sénilité ? Distraction ? Paris 22 h.
6 février 1978
Express. Yoga à 11 h 45 jusqu’à 13 h. Me suis senti comme un vieux bâton tordu. Mais très bien ensuite.
OT fait des vagues autour du document Heldeman que traduit Sabine. Inquiet. Ne cesse de me demander de contrôler. Sabine en larmes : n’a pas obtenu ses indemnités, obligée de rester.
7 février 1978
Express. Banque : affaire de « l’injonction ». Déjeuner avec Sabine qui a obtenu cependant ses indemnités. Remplacée par une connaissance à elle, Gehlen ( ?).
8 février 1978
Express. Cdf à Dante. M’attend samedi. J’essaie de repousser. Pousse un cri de douleur. Ça va, j’y vais.
Perdu en un mois : 1 chéquier, 1 billet Lyon-Paris, deux fois mes notes quotidiennes, 1 chemise avec quelques travaux de l’Express, etc.
10 février 1978
Train pour Lyon 9 h 25. Neige partout. Claude Mouriéras m’emmène après avoir chaussé des pneus neige. Avec Dante, parlé du journal tout l’aprèms. Le soir, dîner feu de bois – avec trois professeurs participants (Sapiegas notamment).
11 février 1978
Neige pendant la nuit. Levé 7 h. Vu la mère de Véro (arrivée dans la nuit, avant d’aller demain skier quelque part). Avec Stéphane, train pour Paris 9 h 26.
13 février 1978
Sous la neige (10 cm) : Paris. Yoga avec Braudeau. OT m’a cherché vendredi : papier Heldeman trop court. Sabine a ajouté les 3 pages manquantes. Me suis vu écrivant la nécro de Michaux (pas mort encore) : « Il est mort le merveilleux Michaux ».
14 février 1978
Express. 16 h conférence des rédacteurs avec Sir James. Pas allé. Travaillé avec S. Delattre. 6 h 30, chapelle N.D. du Soleil, rue François 1er. Service pour Françoise Smith. Du monde : Vial, Litran, Papeloux, Croizard, Thérond, Castans, Baleine, J.P.. Olivier, etc. Smith pâlot. On doit se revoir bientôt (incinéré).
17 février 1978
Train 9 h 25. À Lyon, Claude Mouriéras et Véro. Déjeuner chez Jerry, puis l’Isle-d’Abeau. Aprèms et soirée jusqu’à 1 h 30 : examen des dessins, répartition des rubriques, distribution des tâches, budget.
18 février 1978
Continuons le travail avec Dubois, Gus, Jojo : le CPA. Ébauché un sommaire. Arrivée des premiers papiers. Déjeuner. Travail bien avancé. Train de Paris 15 h 02.
20 février 1978
Chapo Heldeman II.
21 février 1978
L’Express. Déjeuner avec Suzanne Jary. Braudeau m’a ramené une guimbarde. Expérimenté la chose. Cdf à Sappart (Anvers) pour le journal (on a besoin de lui) qui rappellera. Dante que je rappelle ensuite : Sappart viendra peut-être. Me demande d’arranger un R.V. avec Obolensky pour samedi ou dimanche. Il viendra à Paris avec moi (dépanner Hélène dont la mère paralysée a besoin d’un aide, russe…).
23 février 1978
Journée très chaude, presque printanière. Est, pour moi, encore plus chaude : à 18 h 30, OT me convoque : « Mauvaise nouvelle. Ton contrat d’essai à trois mois ne sera pas renouvelé ». Explication : Lanteri, rédacteur en chef de vie moderne, est relevé ; comme il coûterait trop cher en indemnités on l’affecte au rewriting et on vide celui qui ne coûtera rien. Reste qu’il ne m’a pas défendu le bon OT. R.V. lundi avec M. Rivet : voir si je peux être licencié économique. Ce qui, évidemment, arrangerait un peu les choses.
24 février 1978
Train pour Lyon 9 h 25. À la gare, Jean-Pierre et JJ. Au château. Recopié le papier composé dans le train (les rencontres des écoliers avec Roger Rouxel). Dîner. Après, les chanteurs autour d’Arbatz dans la grande salle. Dante et moi dans sa chambre à pré-maquettage du journal 150 pages sans doute. D. approuve le texte écrit dans le train.
25 février 1978
Avec Dante, visite du futur studio où l’on tournera le film (une ferme). Train avec lui à 12 h 40. Pas de place. Siégé au wagon grill pendant quatre heures, à manger et boire et deviser (Bernard, Danielle, la Paule, Diwo, Toussaint, son livre inachevé, le mien, les femmes, etc.).
26 février 1978
Attendu à 5 h Dante, Obo et Châtelain. Seul venu Dante.
27 février 1978
9 h. Vu Maurice Rivet, administrateur Express. D’accord pour prolonger mon essai de façon à obtenir le chômage éco 15 avril – 2 mois de préavis jusqu’au 15 juin. Vu OT : Lanteri ne commencera que la semaine prochaine. Ensuite, dit-il, je pourrai faire des papiers. Raconté à Braudeau et à Sabine (elle le savait depuis vendredi).
3 mars 1978
Train Lyon 9 h 25. À la gare, Claude. Passés prendre dans Lyon Guinguin (Clarisse). Fallavier : révision des papiers. À 6 h, interview du Maire de Roche. Le soir, même chose avec les loulous. Séance de titres jusqu’à 1 h 30.
4 mars 1978
0 10 h 30, avec Gus et Dante à la radio (Part-Dieu) pour le « jubilé » de JJ. Schoendorff, Planchon, Beghin, Maréchal (par téléphone), Jean Aster, … D. parle de L’Isle-d’Abeau, moi, du journal et des débuts de JJ. Numéro de Dante sur l’olive (chez Michel, 1ère rencontre avec JJ), savourée avec sensualité et parlée. Déjeuner aux Halles avec JJ, son fils, Bernard Villeneuve (l’auteur de l’émission) Beghin, Gauzy et, entre le « Russe d’origine lyonnaise »
5 mars 1978
Travaillé tranquillement toute la journée. Trouvé dans le « Boulez » laissé dans son bureau par Sabine mention de notre groupe d’amis : P.B., B.S., A.G. et moi.
6 mars 1978
L’Express. Changé de bureau. Installé provisoirement chez Dufreigne, même étage. Régnier me dit qu’il y a eu une crise jeudi dernier : Goldsmith trouvait le n° précédent sur Barre trop « gauchiste ». Partant pour la Barbade, laisse les clefs à R. Aron qui veut faire sauter le papier OT (un tout petit peu « socialisant »). Refus, discussion. Cdf la Barbade. Le papier passe. La rédaction se réunit demain, etc.
7 mars 1978
Travaillé sur le papier Gus, maire de Roche et loulous de l’Isle-d’Abeau. Cdf de Danielle Heymann à la maison pour me demander un rewriting.
9 mars 1978
Cdf de Dante à 8 h 30. Il part pour Londres (on joue Tatenberg). M’adjoint Joëlle Hocquard pour le journal.
10 mars 1978
Train Lyon Joëlle puis Ariane. À Lyon, déjeuner à la gare puis train pour La Verpillière. À la gare, Arbatz. Journée magnifique. Gatti, Gus, Stéphane, Claude absents. Travaillé avec les profs (Sapiéga, Liliane Catanéo, etc.) : caractères, typo, titres, etc. La boîte de leasing, dont dépendait le règlement des dettes de la Tribu, refuse d’accorder le prêt (JJ Hocquard au téléphone). La caméra n’a pas été livrée à Stéphane parti la chercher à Paris.
11 mars 1978
Travaillé avec Joëlle puis Duret. Retour de Stéphane et Claude sans caméra. Train 15 h 02 (puis 15 h 20) pour Paris avec Ariane et Joëlle.
12 mars 1978
Journée d’élections législatives. La gauche a la majorité 50 % ; la droite 45 ou 46. Mais, c’est peu par rapport aux ambitions du PS.
13 mars 1978
Cdf à Noli : m’offre de revenir à VSD. Cdf de Sappart, perdu au buffet de la gare (Lyon), n’arrivant pas à joindre l’Isle-d’Abeau. Je le fais (c’est toujours le 22 à Asnières.)
17 mars 1978
Train pour Lyon 9 h 25 avec Joëlle. Dans le train, une étudiante qui voudrait faire du théâtre. Arbatz nous prend à la Verpillière. Gatti revient d’Angleterre lundi. Travaillé 1ère maquette (il y a du retard).
18 mars 1978
Travaillé toute la matinée avec Joëlle. Le train à 14 h 25 à Bourgoin.
19 mars 1978
Résultats du 2e tout : défaite de la gauche.
20 mars 1978
Lettre de Mme Maufrais : n’a pas reçu l’argent des photos.
OT me cherche, me dit : « Qu’est-ce que tu fous ? Arrange-toi avec Danielle Heymann pour faire des faits divers… ». Anxieux de se débarrasser du problème ?
21 mars 1978
L’Express. Vu Danielle Heymann : d’abord des « papiers » faits divers, procès, puis du rewriting (sauf Jacqueline Rémy et Siclier, elle n’en veut pas. Très bien).
22 mars 1978
Changé de bureau. Descendu au 2e (ex-Lantéri qui a pris le nôtre). Au restau des Corses, addition régulière 25,50 (plat du jour, fromage, déca). La stabilité dans le pitoyable.
Twist me demande de peigner un papier Derogy (casino de Nice). Fait après dîner.
23 mars 1978
Derogy contrôle son papier.
On ne parle que de marée noire en Bretagne. Un pétrolier géant échoué.
24 mars 1978
Train 9 h 25. Dante retardé en Irlande par la tempête. Journal en retard. Commencé sérieusement à maquetter.
26 mars 1978
Rédigé les petits textes qui vont avec les photos Rouxel du journal. Cdf à Dante chez Hocquard. A passé une nuit agitée sur la Manche. Parlé du journal.
28 mars 1978
Lettre de l’Express (changement de parution – le samedi maintenant).
31 mars 1978
Train pour Lyon 9 h 25. À La Verpillière, Muriel. Dante en plein tournage : la table 12 mètres au bord de l’étang, plaque de bois au nom de Manouchian. Les cuisiniers en blanc apportent les victuailles du festin, un plateau de fromages de 2 m… Plus tard, un tracteur descend sur une remorque le gâteau énorme, plus de 2 m de hauteur, posé au milieu de la table. FR3 filme le filmage.
Après, dîner avec ce festin. Un balthazar ! Puis réunion journal, préparation du n° 2 (le tournage, le scénario).
1er avril 1978
Plans de raccord autour de la grande table de l’étang. Tout remonté en tracteur. Déjeuné avec les restes abondants d’hier soir. Et encore du bordeaux. Dit à Dante que je lui apporterai le manuscrit la prochaine fois.
Loupé (avec Gus) le train de Bourgoin. Il me conduit à Lyon pour le 15 h 38. Pas de place. Installé en 1ère – pour la première fois depuis bien longtemps.
2 avril 1978
Changement d’heure.
3 avril 1978
Fin de la photocopie du livre (par le chapitre 7). Yoga. Pas fumé toute la journée, pour la 1ère fois depuis longtemps.
L’Express. À revoir et réduire papier sur le logement (Léotard et Longier).
4 avril 1978
L’Express toute la journée. Terminé papier logement, avec les auteurs. Peigné papier Kotz sur le saut en hauteur.
5 avril 1978
J.P. Aymon me dit que Kotz, auteur du « Saut » est furieux du rewriting de son papier. Mme Heymann n’est malheureusement pas assez forte pour imposer la chose, apparemment. 3e jour de la résistance des cellules joffrosiennes contre la nicotine.
6 avril 1978
Paginé l’exemplaire de Dante (626). Vu D. Heymann – qui dit que ça s’arrange, qu’il faut que je fasse des papiers qui…
Dîner avec M.C. Chez les Hocquard. Il y a déjà Stéphane et Cl. Mouriéras.
7 avril 1978
Train 9 h 25 avec Joëlle. Plein. Voyagé en 1ère. Contrôle : pas sanctionné. Travaillé à finir le journal. Tout maquetté. Dante parti le matin en avion pour Paris (signer les papiers relatifs à la caméra vidéo), revient à 19 h. Le manuscrit est sur sa table : « J’ai commencé. 3 pages ! »
8 avril 1978
Pagination. Tirages. Liste des scénarios (pour le n° 2). Papier rapide pour Seghers (bulletin des gens de L’Isle-d’Abeau). Stéphane me suggère une solution pour le dessin (croquis) . Train 14 h 45. Refumé.
10 avril 1978
Remis les papiers rewrités. Désordre et pagaïe. Papier refait déjà par Dupas…
11 avril 1978
L’Express. Vu D. Heymann. Lui ai dit que je poserai la question à René Guyonnet. Vu celui-ci : « La maison me reste ouverte ». Clair qu’il ne veut rien faire contre Todd. S’agit à présent d’obtenir le chômedu.
Fini « Jack Baron et l’éternité » prêté par JJ Hocquard. Excellent.
12 avril 1978
Express. Relevé un fait divers utilisable (un garçon suicidé par le feu au bois de Boulogne).
Cdf de Françoise Verny à 11 h du soir. Me demande (d’une voix bruyante et avinée) de la voir, de donner mon livre à Grasset, etc. Explication : Croizard est là, c’est lui qui lui a dit que j’avais un bouquin prêt. Accepté de la voir mercredi à 9 h 30.
14 avril 1978
Train Lyon 9 h 25 avec Joëlle. À La Verpillière, Gerry (JM Philippe). Peu de monde au château : Gatti, Stéphane partis avec Anne-Laure pour Pianceretto, la nonna malade. Gus à Paris, Jojo pas là, Dubois et Muriel au diable. Travaillé dessins. Le soir, visite des loulous qui s’incrustent un peu. D. a lu jusqu’à la page 285.
15 avril 1978
Arrivée de Clarisse en auto-stop. Conduit par Marie à Lyon au train de 14 h 45. Lecture de Rolling Stone, une « anthologie du nouveau journalisme ».
17 avril 1978
Braudeau à déjeuner : des longueurs et des obscurités (il n’en est qu’à la page 200).
Voulu voir Rivet pour régler ma situation. Pas eu de RV.
Peigné un article de Bourget sur les « surdoués » – foutaise mal documentée, mal écrite.
18 avril 1978
15 h Rivet : licenciement après les 6 mois pour motif éco (suppression du poste de rewriter). 15 h 40 Todd me fait appeler : me demande des explications. Hier, j’ai dit à Lanteri qui me demandait un papier à faire de sa part que je travaillais maintenant pour D. Heymann. « Tu lui as dit que j’aille me faire foutre ». Le ton monte à la verticale. Je lui sors tout : Joffroy nonchalant, on peut le faire travailler. « Nonchalant n’est pas de mon vocabulaire, etc. ». Séparation plus que froide.
19 avril 1978
Allé rue de Naples chez Françoise Verny. Croisé en entrant une dame qui me rappelait quelqu’un. Sonné. Pas là. « Elle vient de partir », dit la bonne. C’était elle. Allé chez Grasset. Elle y était (ayant oublié que le RV était chez elle).Parlé de la grande misère du théâtre, de la nouvelle, de la poésie, des journalistes (de média) qui ne jouent pas leur rôle, de la paresse des critiques, etc. Voudrait lire le roman en même temps que Flamand, puisque je ne suis pas engagé avec le Seuil. Je parle de la pièce : d’accord pour publier si je donne le roman. Elle a déjà parlé de ça avec J.C. Fasquelle.
Vu Cuau : expliqué (à titre d’info) la situation avec Todd. Projet (avec P. Aymon) d’un papier sur un vieillard tireur d’enfant, mais le coupable n’avoue pas – et de plus moi j’avoue (que je m’emmerde de travailler pour une maison qui me rejette).
21 avril 1978
Train 9 h 25. Rien à faire. Le journal est pratiquement tiré : n° 2 (l’opéra) en préparation. Vu Dante vers 8 – 9 heures, retour d’un tournage chez les apprenties – employées de collectivités. Enthousiasmé par ce qu’elles ont inventé au tournage et qui fout en l’air le scénario.
A lu jusqu’à la page 400 : « C’est toi… il y a des choses qu’on voudrait relire – mais on en parlera quand j’aurai fini ». Enregistrement d’un chœur (tribu) au bord de l’étang. Dîner et anniversaire de Gerry. Gâteau, bougies. Musique : Arbatz. « Une vie de château », dit Gatti. Danses, airs du 5e régiment (Lister), d’Italie et du Cheval suicidé par le feu (d’Avignon).
(La nonna meurt d’un cancer. Elle a 83 ans. Décharnée. Habite chez la tante de D. « On a beau…, dit D., on n’arrive pas ».)
22 avril 1978
Vu D. avant qu’il reparte en tournage chez le charron. Pris à pic le train de 13 h. Arrivés à 17 h 10.
24 avril 1978
Express. Vu Braudeau. Il n’a plus que 100 pages. Critiques : tu donnes trop à faire aux lecteurs, pas de description, d’état de la situation. Et puis, on ne voit plus, on ne sait pas où l’on va, quel sens donner à tel ou tel chapitre.
25 avril 1978
Gilbert : a lu 200 pages et reconnu des gens de Hayange et nous deux, dit-il.
L’Express. Braudeau me rend son exemplaire. Finalement n’a pas beaucoup aimé. Parle de confusion, difficulté à suivre.
27 avril 1978
L’Express. Vu Jacky Moreau qui est sur le sable. Cherche un boulot. A divorcé. N’a pas trop bonne mine. Vais essayer de lui trouver quelque chose du côté de J. Michaud, Hocquard, Braudeau. Appelé Michaud : rien. Vu Braudeau : rien.
28 avril 1978
L’Isle-d’Abeau. Corrigé dans le train avec Joëlle tout le texte du Joint pour le donner à un traducteur d’anglais. Couverture du journal. Travail d’empilement tard dans la nuit avec la tribu, les loulous, etc. Gatti arrivé tard, minuit, 1 h, venant avec Stéphane, Gus et Cl. du tournage en Savoie. À propos des « abîmes » : « Pas fini. Mais je te dis « mission accomplie devant l’existence ». Doit partir demain avec Stéphane et les deux filles arrivées dans l’après-midi à Pianceretto.
29 avril 1978
Levé 9 h. Parlé avec Dante qui part à 10 h 30. Parti à 11 h 30 en voiture avec Francine, l’amie de Jojo Duret, une autre Mathilde et deux enfants.
2 mai 1978
Revu 2 papiers : voitures blindées (Bourget), lutte antitabac (Ponchelet).
3 mai 1978
L’Express. Vu D. Heymann : « Trouve un fait divers ! Sans ça je ne pourrai rien faire… Si je peux montrer deux ou trois papiers, je peux leur dire : il faut le garder, il n’y en a pas tellement qui savent écrire ».
5 mai 1978
Parti avec Ariane pour Lyon 9 h 25. À La Verpillière, Michel. De là, au CES, La Verp (des filles travaillent sur la musique). De là, à la ferme de Jojo et son aide Christophe (18 ans to day) font leur « limonaire’, un rassemblement d’instruments de musique inventés avec tubes, plastiques, cordes, etc. – et le manège. Journal fini. Pas trop mal. « On se reconnaît dedans », a dit Dante. Conférence pour le n° 2. Travaillé sur des textes de Dante (la Planète) pour la mise en pages – mots détachés, blancs… Vu Dante : « J’avance… je vous présente un grand écrivain… » »Jure-le en crachant… », etc. Le soir, le groupe Apraz (orchestre local) qui doit chanter l’imaginaire de Rouxel, avec les loulous, 40 personnes. Apraz fait le souper servi à 11 h. Mais aucune chaleur, aucun contact. Ils cherchent à se « promouvoir », avec leur chanteuse.On me présente un article verbeux et philosophique. Refus, etc. Tout le monde dans la tribu a envie de dormir. D. se décide vers 2 h du matin. Apraz reste obstinément. Je veille avec Michel – puis à 2 h 45 renonce. Michel reste jusqu’à 3 h.
6 mai 1978
Ariane dormi dans une maison voisine avec Joëlle et Gerry. D. me demande de faire le texte du film sur le charron. Vendredi prochain je vois le film et l’homme. Article de Joëlle paru dans « Libé ». Donné des noms avec Michel, Sappart et Jojo aux instruments du limonaire : orgeln, cavernon, plankophone (ou planquophone) et autres persiflons. Parti avec A. et Joëlle par le train de 14 h 45. Paris 19 h 30.
8 mai 1978
L’Express. Rien fait – sauf yoga.
Évasion de J. Mesrine, vu l’année dernière à son procès.
9 mai 1978
Mort de Aldo Moro, tué par les Brigades rouges.
10 mai 1978
Cdf de J.J. Allé au centre Beaubourg, il doit participer à l’accrochage de son ami Moskovtchenko : pas vu. Visité l’expo Michaux (très belle, des œuvres de 1952 ressemblant à celles que je lui ai achetées vers cette époque) et expo Malevitch où je rencontre Lancet. Entendu un vieux Mitteleuropa qui dit à une jeune femme : « Il y a des faux ! ». en désigne 3. Il a travaillé, dit-il, avec Malevitch, sait de quoi il parle.
Reparti dîner avec J.J. Mosko, Claire Jérôme, le co-exposant Nicolas Artheau et des amis. Restau : les 3 bourriques. Rentré minuit. J.J. « Difficile d’entrer dans ton livre, tu n’as pas utilisé le ton narrateur, etc. »
12 mai 1978
Train 9 h 25. Joëlle et une amie. Vu Hélène et sa fille. D. en tournage. Visionné avec Stéphane le film sur le charron (2 h 30 de bande).
Le soir, le groupe Apraz, son chanteur, son journaliste, les loulous. Arrivée de D. et de l’équipe du film. Parlé du charron, puis discussion longue avec les Apraz, éclaircissement des malentendus (sur le journal, l’affiche, leurs intentions). À 3 h 45, après vison des rushes du tournage, couché.
13 mai 1978
Travaillé avec Joëlle sur la chanson de geste (disposition, mise en pages). Gatti en tournage avec Jerry. Aprèms, vu et interviewé Perrin dans son atelier et sa maison. Arrivée de J.J. Hocquard. Dîner à 8 h avec tout le monde – l’équipe de tournage (Gatti, Stéphane, Claude, Joseph l’Irlandais) revenue déçue de la pluie et de quelques mécomptes techniques.
Montré à D. la mise en page de la Planète. Approuve, puis, tout à coup, parlant de mon livre : « Tu es un verbal… je ne m’en rendais pas compte… l’émotion naît non de la description mais du mot (non du fait que tu le montres, tu ne le montres pas). Tu es un poète… ». Critique le titre « mignard ». Je dis que c’est le nom d’une rue. « Alors, écris Rue du petit chemin de l’abîme ». « Impossible », etc.
14 mai 1978
Petit-déjeuner avec D., Stéphane, Joseph, etc. Claude me conduit à Lyon. Train de 9 h 26. Paris 1 h 30. Mort de Bellanger (radio).
16 mai 1978
L’Express. D2jeuner avec Lary. Parlé de la tribu, de Michaud-Mailland, des films qu’il fait ou projette de faire avec mon bouquin, etc. Indiqué marche à suivre pour faire entrer sa compagne Huguette Debaisieux à l’Express. Essayé de placer Jacky Moreau : justement, son musicien habituel est mort.
17 mai 1978
Cdf de Château. RV demain. C’est lui qui abrège – pour la 1ère fois – la conversation. Il s’agit du livre. Je pressens quelque gêne de sa part.
18 mai 1978
11 h 30 Chateauneu, brasserie Alsacienne. Les Champs-Élysées barrés pour une cérémonie (Senghor à l’Étoile). Château apparaît vers midi, sort le manuscrit et me parle de l’édition, de faire un conte à partir de là, de le faire publier à l’étranger, etc. Hors de propos jusqu’à ce que je l’y ramène. Remarques notées – et suggestions.
L’aprèms, commencé le texte du charron. À 9 h, au Grand Palais, salle 404. Les deux premiers films de Montbéliard : polonais et marocain (où je joue 2 minutes : le rôle d’un vieil ouvrier). Gatti, Hocquard, Châtelain, Gilles, quelques amis et connaissances, très peu de monde. Dante me rend la fin du manuscrit : il a fini vers Melun. Reste à Paris jusqu’à samedi pour les 4 autres films. On se verra pour parler du livre vendredi prochain. Rentrés minuit.
19 mai 1978
Train de Lyon. Corrigé des papiers avec Joëlle. Continué au château.
20 mai 1978
Travaillé la matinée avec Joëlle.
22 mai 1978
À l’Express. Martine me dit qu’Hervé Ponchelet est licencié, après ce sera Mannevy, et d’autres. Aymon me confirme qu’Heymann ne me donne plus rien à faire (pour ne pas heurter Twist et pour pratiquer la politique d’économies du journal). Fait taper « le charron ».
Déjeuner chinois St-Lazare avec B., Hocquard et son copain Pringot de l’A.P. (mon prochain chômedu).
23 mai 1978
Vu Rivet à 3 h. Demandé qu’il fasse la lettre à l’Inspection du travail pour l’informer. OK. Après, m’enverra ma lettre de congédiement.
À 4 h, Grand Palais : vu le film espagnol. Dîner, puis Grand Palais : les 3 autres films. L’ensemble émouvant, remuant. Vu Lulu (Mélite), Kravetz, Méla, etc. Après, avec Kravetz, Méla, Hocquard, Joëlle, la copine de Kravetz et une amie, au 14 rue de l’Odéon. Méla : « Vivienne regrettera de ne pas t’avoir vu. Elle a dit que tu étais le seul être humain qu’elle ait rencontré cette année (1978) ».
25 mai 1978
Rencontré à quelques pas de l’Express, Derogy. Je lui dis : « Tu fais gaffe à ta peau ? » (pensant à Mesrine évadé). Il me répond en montrant du doigt le gars qui l’accompagne (un flic sans doute).
26 mai 1978
Train pour Lyon 9 h 25, sans Joëlle partie hier pour une fois. Dans le train de La Verpillière, rencontré son mari.
2motion au château : une heure plus tôt, descente de police. 14 inspecteurs et gendarmes (de Bordeaux, Grenoble). Ceux qui ont tenté d’enlever Hidalgo – patron du football équipe de France – se sont servis, pour louer une voiture à Bordeaux de la carte d’identité de Stéphane – perdue en 73. Perquisition, rapports. Stéphane et Dante à la gendarmerie. D. me dit qu’il en a profité pour lancer une projection du film chez les gendarmes. À propos de Stéphane : « Ce n’est pas seulement mon fils, c’est mon ami ».
Rien ne s’est fait pendant la semaine. Marie, au bord de la paranoïa, me dit Joëlle. Conversation avec elle. Ça s’arrange. Elle comprend qu’elle n’est pas responsable des erreurs qu’il a pu y avoir ça et là, que les erreurs sont comprises dans l’expérience elle-même, etc. Avancé la 2e partie du journal. Dante et Hélène : « Quand y aura-t-il une expérience sans descente de flics, sans lettre de protestation des profs ? ». Un flic : « Si Stéphane avait correspondu au signalement, on l’embarquait. C’est un inculpé idéal ».
27 mai 1978
Levé 7 h 15. Trouvé en bas Dante. Parlé (enfin) du livre. Louanges et critiques (modérées) sur des points précis.
Avec Joëlle (et Marie) préparé le sommaire. Corrigé des papiers, etc. Tout prêt. J. emportera les textes de D., sauf deux ou trois qui se feront entre les mains de Marie et Jacky (« complices »). Marie refait sa scène : il faut que le 2 soit parfait, donc on fait le texte de Dante en letraset. Je dis non. Tout à la machine : pas de temps à perdre si on veut sortir avant la fin de l’expérience. Au fond de tout ça, son désir d’être intégrée à la tribu qu’elle imagine comme une « structure » permanente, une Société, un club merveilleux…
29 mai 1978
L’Express. Revu un papier de Kotz (un vieux prisonnier, 18 ans de taule) sur demande de Aymon, sa chef absente.
30 mai 1978
La canicule. L’Express. De là avec Jacky Moreau à Neuilly chez Lary et Huguette Debaisieux. Déjeuner dans leur petit jardin extérieur. Jacky parle musique avec Lary, moi, journalisme avec H. Debaisieux : ouverture pour elle à l’Express.
31 mai 1978
Reçu lettre de licenciement de l’Express. Téléphone à Pringot.
2 juin 1978
Train 9 h 20 avec Ariane et Joëlle. Accueillis par Daniel.
Journal : Marie et Jacky n’ont pas fini leurs textes letraset. Conférence avec Dante. Décision de faire tirer dès lundi le début du n° 2 (L’Opéra) – comme souhaité. Marie en crise de nouveau plus tard. D. embêté : « Ça s’aggrave. Que faire ? La ramener chez elle ? Agir comme si, n’ayant plus besoin d’elle, on la rejette ? »
Après dîner, parlé avec D. du livre : précisions sur les critiques déjà faites : être plus direct dans le chapitre 2, rogner les fausses ailes de Constance. Croyait que c’était déjà les épreuves du livre.
3 juin 1978
Parlé avec Dante (je suis un fils d’immigrés) – faire un deuxième « charron ». Marie de nouveau bien. Gentille. On avance.
6 juin 1978
Pluie battante. Déjeuner avec Kravetz près de Libé. (Vu July et Péninou dans les locaux.) Remis le manuscrit à K. pour lecture critique.
7 juin 1978
Cdf de J.J. Lerrant qui me dé-déprime. « Emballé » par le livre.
8 juin 1978
Commencé à taper sur la petite Japy. 1 h d’exercice. Assez bon résultat. Je me donne 15 jours pour y arriver.
9 juin 1978
Train pour Lyon 9 h 57. À la Verp, Marie. Elle m’annonce qu’elle s’en va aujourd’hui même. Elle a besoin de « réfléchir ». On va à la ferme voir le limonaire qui a prodigieusement proliféré ! Vu là Hélène, Jojo, Michel, Jacky, l’Anglais de Canterbury (qui cherche à comprendre…), Michel Séonnet, Stéphane – Dante inactif : la caméra est en réparation. On parle du journal (Hélène : « D. a dit qu’il ne sortirait jamais »).
Revenu au château. Travail. Marie s’en va. Elle laisse une lettre d’adieu, touchante. « J’étais effarée par cette manière d’être ici. Tout existait de fait. Je ne pouvais pas le deviner. Je m’en suis aperçue trop tard. Voilà. À bientôt. » Et un cri dans ces feuillets « Rien ne passe !!! Gérard » (Gus). Pendant qu’on tape, la chatte cherche à accoucher – sans trouver à la rédaction le bon endroit.
Dante sait que J.J. et sa tribu arrivent demain. Je dois m’en occuper : il tourne au limonaire. Après dîner, écouté avec D. la musique d’Arbatz sur l’imaginaire et vu les rushes de la musique du limonaire.
Écrit texte introductif à l’Opéra.
10 juin 1978
Arrivée de J.J., Bernadette, un photographe du Progrès et une étudiante américaine, Judith Gleichmann. Emmenés au limonaire. De là, déjeuner dans un restau du Bois de la Roche (grenouilles). Retour au château : Hélène leur passe des rushes – dont ceux du limonaire d’hier. Gilles arrivé ce matin et Jojo aideront Joëlle à tirer ce soir les premières pages.
À Lyon avec J.J. Il doit y voir à 5 h Georges Guy – pas vu depuis 1945 ! Au Progrès. Il me reconnaît : « Bonjour, M. Weil ». Très sarcastique (l’ancien Guy) – épaissi, plus rien de jeune dans l’allure, en costume clair. Prof de français aux Etats-Unis dans le Vermont. Me dit qu’il a connu John Cage grâce à une lettre que je lui avais envoyée – à laquelle il ne m’a jamais répondu. Dit qu’il écrit, mais que ses écrits seront posthumes. Demande des nouvelle de Duberry, Colette Herbulot. Veut me voir peut-être à Paris. Paraît tout à fait hostile aux « carrières » parisiennes, au théâtre tel qu’il est. Son beau-frère suicidé il y a 5 ans, sa sœur morte depuis. Il élève ses 5 neveux et nièces.
11 juin 1978
Cdf de Joëlle : Marie est revenue, a couché dans sa chambre.
12 juin 1978
2e séance de tapage. Du mieux. Tapé un commencement de récit – à l’inspiration, sans but, une promenade de mots.
13 juin 1978
Cdf vers 13 h de Véro : la mère de Dante agonise. Aider Anne-Laure à partir là-bas. Dante part en voiture de Tamié où il se trouve en tournage. Allé av. de Versailles. Vu Danielle, Anne-Laure, plus tard Clarisse. 800 F pour le train.
Cdf à Papeloux : est-ce que J. Prouvost est visible en ce moment ? Pas toujours. Cela dépend de son état. Il ne veut pas se montrer quand il n’est plus rien… Mais il n’est pas gâteux, dit Papeloux, pas du tout !
14 juin 1978
L’Express. On nous a déménagés, Braudeau et moi, pour faire place à J. Girard, promue rédactrice en chef adjointe. Réfugié chez J. Rémy.
Cdf de Papeloux : J. Prouvost serait content de te voir demain à 18 h rue de Rivoli.
15 juin 1978
Porté machine à écrire à réparer. À 6 h, rue de Rivoli. J. Prouvost. Il y avait Chaudet, Papeloux, J. de Potier, sa femme, son beau-père, le secrétaire, l’infirmière, l’aide-secrétaire, 94 ans.
16 juin 1978
Train de 10 h. À Lyon 2 h. Dante absent encore. Sa mère morte mardi avant midi, enterrée hier. Vers 3 h 30, retour de Gus, Anne-Laure et Clarisse.
À 6 h, à Ville d’Abeau animation, tiré à l’offset quelques pages avec Véro, Joëlle et Éric Lambert (de l’INA). Dîner vers 10 h : Gatti, Stéphane, Claude revenus de Tamié. D. a un commencement de douleur dans les reins (néphrite ?). Croit qu’il faut faire le n° 3 (sur le ciné) même s’il doit paraître tardivement, même si on dépense de l’argent. « C’est ce qu’il reste, c’est là… le bilan de l’expérience. » Ne vendra pas Pianceretto : « C’est tout ce qu’elle a gagné, Laetitia… et puis les filles y sont attachées, surtout Anne-Laure ».
17 juin 1978
Mise au point du n° 3 : illustrations, affiches, textes, etc. Conduit par Marie (toujours là) à Bourgoin.
18 juin 1978
Revu le n° 3 scénarios de Daniel et Muriel (Eurydice, le train, le matin) pour les donner à taper à Joëlle.
19 juin 1978
Odéon : apporter copie à Joëlle.
23 juin 1978
Train 10 h pour Lyon. Travaillé au n° 3. Le n° 2 en est à la 90e page tirée. Vu Dante, retour d’un tournage (la boule) où le son n’a pas été enregistré… Encore une journée de perdue. Furieux aussi de ce qui s’est passé à la coupe du monde (l’Argentine battant le Pérou par 6 à 0 et accident à la finale : magouilles), et du prestige qu’en tire Videla et ses flics.
Visite du charron, content de son texte. Dîner fait par Sapiéga : gnocchis, lapin, glace, aligoté, mercury (Gatti dîne chez un dignitaire de la Ville nouvelle).
24 juin 1978
Visionné des films (Limonaire, Moines, Robe, Lettres). Déjeuner avec J.J. Hocquard et J. Sapiéga à Bourgoin. Train 14 h 29.
25 juin 1978
Cdf de Joëlle : ils en sont à la page 108. Ariane partie filmer avec Hélène et Fabienne.
L’Argentine bat les Pays-Bas, gagne la coupe du monde. La gueule satisfaite, à la télé, de Videla et des généraux de la junte !
27 juin 1978
L’Express. Déjeuner Braudeau : Michel Clerc, G. de St Bris, et Hervé Mille, plus une princesse bidon, plus Th. de St Phalle – qui et chez Flammarion maintenant. Hervé me dit de venir déjeuner avec lui ici maintenant. Me dit – c’est tout ce dont elle semble se souvenir : « C’est lui qui m’a dit un jour de ne jamais dire mon âge ».
28 juin 1978
Corrigé et tapé à la machine (mon premier travail tapé) deux textes pour le n° 3.
30 juin 1978
Train pour Lyon 9 h 57. Journal fini. « Il est bien », dit Dante. Enregistré avec Michel et J.-P. Duret le charron (J. Perrin). Visite de JJ Lerrant, ravi de voir Ariane. Préparation du festin – et festin, dirigé, tablier sur le ventre et couteau en main, par J.-J. Hocquard. Vu Gilles, Séonnet, etc.
1er juillet 1978
Dans un château semé des restes, et d’immondices, réveil difficile. Vu D. (interview pour le journal, fait par Joëlle qui prend la suite pour le n° 3).
Train pour Paris : les Hocquard, Gilles Lacombe, Ariane et moi.
2 juillet 1978
Télé : Boulez dirigeant l’orchestre des jeunes de l’orchestre de Paris et commentant ensuite l’enregistrement (symphonie 104 Haydn). Accent de Petrus à la télé : parfois allemand, parfois anglais aaoum… (hésitation oxfordienne).
3 juillet 1978
Barcelonnette.
7 juillet 1978
Cdf de Joëlle Hocquard – TVB pour le n° 3. Dante visionne toutes les bandes tournées. 2e cdf de Joëlle : Dante voudrait que je demande à JJ un papier pour le n° 3. JJ refuse : pas le temps, il part pour le festival d’Avignon – et il ne voudrait pas se contenter d’un article mal fichu, de « quotidien ».
11 juillet 1978
Reçu projet d’article de Joëlle pour ouvrir le n° 3.
14 juillet 1978
Cdf à l’Isle-d’Abeau : Dante me dit qu’il sera à la Bergerie le 16 avec Sapiéga. Amphoux les rejoindra le lendemain.
17 juillet 1978
Arrivée de Dante et Sapiéga. Déjeuner. En voiture avec B., Dante et Sapiéga au Super ? . Les deux redescendent en télésiège. Arrivée d’Amphoux (avec deux lits sur le toit de sa voiture pour Pianceretto, promesse faite à la mère de D.).
18 juillet 1978
Parlé avec D. du papier de Joëlle pur le n° 3 (à modifier) et du film « Contre-Opéra » qui est actuellement en cours à Paris et qui sera cette Affiche Rouge si longtemps infaisable. Déjeuner. Repartent vers 2 h avec leurs deux voitures – avec le Tonton tout frétillant.
19 juillet 1978
Idée d’une séance de table tournante où « l’esprit » invoquerait la route.
24 juillet 1978
Dîner le soir. 13 en tout. Vers 10 h, on fait tourner la table achetée à la Chouette, avec Bill en officiant, et Nathalie subitement inspirée et dominatrice. Questions sur la route, « l’Esprit » de Paul Bellon nous garantit la vieille route. Fini 1 h du matin.
27 juillet 1978
Cdf de Sapiéga retour d’Italie. Le texte (projet de livre sur l’expérience) sera inséré dans le n° 3.
30 juillet 1978
Arrivée Paris vers 7 h.
Une carte de N.Y. de Thomas (Harlan). Il a fait un film, voudrait me le montrer.
31 juillet 1978
Radio : Bayreuth. « Siegfried », Boulez.
3 août 1978
Cdf de Joëlle. Cdf à Dante (chez Hélène). Re cdf à Joëlle : RV demain à l’Épicerie pour la refonte du N° 3.
4 août 1978
À l’Épicerie : Dante, Stéphane, Claude, Joëlle. Sur le n° 3 : apports morceaux Hélène, Sapiéga, etc. Déjeuner chez Zeyer à Alésia. De là, à l’Épicerie. Dialogue avec Dante sur le livre à partir de la lettre de Wilson : 68 (les deux derniers chapitres à enlever) – le contenu de la lettre vide (à enlever). Le titre précisé : 3 bis, Petit chemin de l’abîme.
Hélène irait à Munich voir Zinoviev (Les Hauteurs béantes). Me suggère, appuyée par D., de l’accompagner – peut-être aussi Stéphane. Zinoviev doit faire un cours à l’université.
5 août 1978
Cdf d’Hélène : ça se précipite. Il arrive dimanche. On partirait au milieu de la semaine.
7 août 1978
Travaillé sur le dossier journal remis par Joëlle. Corrections, suggestions. Reçu par la poste le texte de Sapiéga (les deux premiers textes d’un livre à écrire à propos de la « Première lettre »). Tout revu. Écrit à Sapiéga.
8 août 1978
Cdf à Dante : sur le bouquin, la mort de Filo, indispensable ou pas ?
9 août 1978
Travaillé. À déjeuner Hocquard. Annonce parue dans le Monde. Tapé proprement lettres de candidature aux journaux.
Radio : le prix du pain va devenir libre (pour la 1ère fois depuis la Révolution). 2 h de sieste après Hocquard.
11 août 1978
Long coup de fil avec Pottecher – à propos de Charpentier. On parle de Rimbaud (passé par le col de Bussange) – d’Europe 1 qu’il va quitter pour Inter (« Tous des salauds ! Ce Mougeotte qui fait des affaires d’armes avec l’Irak maintenant, etc.) – du théâtre du Peuple (« Le metteur en scène hongrois habille « Mesure pour Mesure » à la mode comme tout le monde le fait ») – de Pétain (il écrit un livre sur le procès).
16 août 1978
Terminé le chapitre VII.
17 août 1978
Cdf de Dante à l’heure du déjeuner. Dit qu’il s’agit d’une obsession, qui lui est venue deux ou trois fois. Souhaite que le rapport Nestu soit débité en extraits (plutôt qu’en continu) laissant place ainsi « à tout le possible », Ben Barka, etc. Et évite la légère déception finale : « Ce n’est que ça ».
Un ballon a traversé l’Atlantique.
18 août 1978
Téléphoné à Dante : à propos du chapitre central. Il faudrait qu’il le lise et me dise s’il n’est pas trop compact.
19 août 1978
Cdf d’Hélène : Zinoviev est à Paris. Elle va prendre RV pour mercredi. Me recommande de lire le 2e ouvrage de Z. « L’Avenir radieux ». Fait.
20 août 1978
Fini le VII complètement. Commencé le IX. Terminé la lecture des « Hauteurs béantes ». Magnifique.
21 août 1978
Fini le IX. Lecture du 2e Zinoviev. Amorcé et fini le X.
22 août 1978
Fini le XI.
À 5 h, av. Hoche pour voir un film TV de Lary (le Quincaillier de Meaux) avec Juliet Berto. Vu Jacky Moreau, L. Daquin et Jean Michaud – dont la femme tournait dans le film.
23 août 1978
Cdf d’Hélène : la rencontre avec Zinoviev se fera deux fois. Demain prise de contact à Verrières-le-Buisson.
Chapitre XIII fait.
24 août 1978
Déjeuner avec Braudeau chez le chinois de la rue du Colisée. Il est entré au comité du Seuil. Dit que Durand a quitté le Seuil mais a dû y laisser Soljenitsyne. Nouvelles de Thomas Harlan.
À 3 h, avenue Leclerc, rénovée pour la mère d’Hélène. Dante et Hélène. Échangé propos sur Zinoviev dont une interview a paru dans Libé. À 4 h à Verrières. Personne. Café. N’apparaîtra que vers 5 h 30 au milieu de ses hôtesses, de sa femme, etc. Sort de 3 ou 4 interviews. Il en a un peu marre. Travail préparatoire de questionnement. Au retour, à 7 h, Hélène perplexe sur la personnalité d’Alexandre Alexandrovitch.
25 août 1978
Chapitre XIV puis XV.
L’aprèms, rue Mazarine. Dante et Hélène au 110. 5 000 F pour alléger l’avenue de Versailles. Donné chapitre MM à Dante pour appréciation du « poids ». Discuté de la rencontre d’hier. Il en avait parlé lui-même avec Barthes, Sollers et Moretti hier. Zino devient un homme à la mode. Ce sera fait quand il aura paru à « Apostrophes » en septembre.
26 août 1978
Télé : il y a un nouveau pape, Jean-Paul.
28 août 1978
À 19 h chez Dante. Il a relu la Mer Morte. Quelques suggestions de coupe (le Moyen Àge, les femmes). Dîner ensuite avec eux Hélène, Gerry (de Lyon) et Jean Mailland. Souvenirs divers.
29 août 1978
Travaillé.
Avec les Le Bolder, dîner puis à la Cour des Miracles pour voir un Dubillard : « L’Eau en poudre ». Maintenant, il vient du monde là où « Tonton Couteau » leva le torchon et connut un merveilleux
31 août 1978
Pratiquement terminé – quelques feuilles à retaper, surtout la fin, pour Annette.
1er septembre 1978
Chez Sanchez rue de Ponthieu. Directeur d’une agence de publicité. Prospère. L’air plus espagnol (la moustache). Content d’être utile aux copains. Va voir Dante avec un grand désir de l’aider.
Déjeuner avec Sabine Delattre. Souhaite obtenir de sa boîte Alta les moyens de me faire faire un livre sur la FAR Stuttgart (le « suicide »), avec Karine comme assistante.
2 septembre 1978
Fini Jugement.
4 septembre 1978
Cdf à 17 h d’un jeune ami de Davidson qui cherche une place à l’A.P. M’apprend que Davidson est très malade : « Il fait 70, plus de cheveux du tout. Doit aller à Villejuif… »
Dîner au 110 : Dante, Hélène (qui me remet son papier pour le n° 3), Sylvain, Claude, Nadia et Kravetz le bras en écharpe (accident de moto). Il a vu aussi Zinoviev. On l’écoute. Projet d’interview à deux suivant le style du « Joint » (journaliste de gauche, journaliste de droite). En m’accompagnant sur l’avenue pour aérer le Chien, D me dit qu’il ne faudrait pas de préface au livre mais des points de vue de lecteurs : ce qu’ils ont vu dans le bouquin.
Gerry (le moine belge) a envoyé un complément de papier plein de perfidies contre D. et la Tribu. On ne le passera pas.
5 septembre 1978
Lettre à Gerry. Travaillé sur le journal. L’aprèms idem avec Joëlle Hocquard. Lui ai donné à taper quelques textes du livre (la fin surtout).
11 septembre 1978
Porté à mon coffre du CCF le manuscrit n° 1 (pendant mon absence à Barcelonnette).
12 septembre 1978
Joëlle Hocquard (ce qu’elle a déjà tapé). Vu chez elle Kravetz qui doit m’envoyer une lettre de Libé (chômedu).
13 septembre 1978
Train pour Barcelonnette 7 h 43.
23 septembre 1978
Rentré à Paris.
29 septembre 1978
Le pape Jean-Paul mort.
Tél. Kravetz, déplâtré. N’a pas fini la lecture de l’Abîme. 200 pages sur 600. Me dit que Zino lui a dit que l’interview télé avec nous était annulée. Bizarre.
Cdf à Dante : « Et le roman ? » Il est content de Montbéliard, passé en entier au Centre Beaubourg (le PC lui a acheté la série) et de L’Isle-d’Abeau (la télé enthousiaste va le passer). Content aussi d’avoir vu disparaître, au cours des prises de parole à Beaubourg, l’esprit « gauchiste ». Époque révolue.
9 h cdf d’Hélène : autre thèse. Zino, dénationalisé, a besoin de se retourner. Donc, rien pour le moment, sinon un voyage avec Liégeois à Munich en octobre pour l’Unité.
30 septembre 1978
Cdf de Dante : la mère d’Hélène se meurt. Veut un prêtre. Téléphoné en vain à Nicolas. Ils continuent, même s’ils en ont un autre.
Chez les Chichen avec Ariane. Là, aussi le directeur de la maison populaire de Montreuil et sa copine, Nacera. Le chien malade. Odyssée. Il faut aller voir le véto de service à Clamart ! … Frais : 160 F véto, 40 taxi aller, 60 taxi retour.
3 octobre 1978
10 h, bd Sébastopol : avec Gilbert et Sanchez, visite du chantier des Halles sous la direction d’un Rohan-Chabot. Tous casqués. Choix d’une boutique.
Travaillé Mer Morte.
5 octobre 1978
Église russe 10 h 30. Service pour la mère d’Hélène. Un petit chœur de 4 femmes et 1 homme. Dante, Pliouchtch, avec moustaches et serviette, Stéphane, Nadia, les Hocquard, G. Lacombe, Gus, J.-Pierre.
Gilles me propose de me donner un coup de main pour la mise en page, éventuellement. Réponse de Géry (le Belge). Vie toute amertume, toute mauvaise intention contre D. et la tribu. Donné à Joëlle.
7 octobre 1978
Visite de Hocquard et son fils. Prêt de 10 000 F à H. qui me remboursera (Gilbert) en novembre.
11 octobre 1978
11 h le Seuil. Remis le II à Flamand. Conversation amicale : presse, édition, 3,1416. Me demande quelques jours. Parlé de la pièce – édition.
Grasset à 15 h. F. V. n’arrive qu’à la demie. Prend le bouquin. On se revoit le 24.
16 octobre 1978
À 13 h 30 chez Hélène. Joëlle, Ngo, Dante. Réglé le sommaire et modifications du n° 3. Et parlé : de Stammheim, et de l’élection pontificale. Je parle de l’assassinat de Jean-Paul par Benelli, de Florence. Dante me dit : « C’est un récidiviste. Il a eu Jean XXIII. C’est Selma qui me l’a dit. Elle était chargée de préparer le voyage de Castro au Vatican : Jean XXIII l’avait proposé. La curie avait hurlé. Quand elle arriva à Rome, le pape était mort. »
Vers le soir, élection d’un pape polonais. Ça a dû être une sacrée magouille…
Parlé aussi de Bernard (à propos d’une interview de Boulez dans PM où son nom n’est pas cité parmi les peintres préférés du Petrus).
18 octobre 1978
Karpov a gagné le championnat d’échecs. Trois mois de match.
12 h 30 radio : J. Prouvost mort en Sologne. 93 ans. Obo à la maison. De là au 110 en taxi – lequel taxi véhicule aussi la mentalité fasciste de son conducteur. Dante, Hélène, Croizard, Stéphane, Gus, Ngo. Grand repas préparé par Dante avec vodka et zakouskis. Atmosphère de Parisien libéré pour 4 d’entre nous, évoquant les morts et les petites batailles. Hélène me parle de sa famille russe, montre des portraits – et me donne le livre qu’elle a traduit « 4 femmes terroristes contre le tsar » (Maspero).
21 octobre 1978
À 1 h chez Croizard. De là, à Yéry-le-Marron pour l’enterrement de JP. À 4 h à l’église, bourrée de villageois. 1 h de messe. Cimetière, discours. De là, à St-Jean : un verre à ceux qui sont venus.
(Rencontré à l’église Diwo, pour la 1ère fois depuis ma candidature à Télé 7, candidature éludée. Aucune gêne de ma part. Au contraire. Un maximum de gentillesse. Jacqueline Diwo a été opérée de la vésicule.)
22 octobre 1978
Travaillé le matin avec Ariane sur l’article Tibet (de son ami Glenn) destiné à Libé. Lisotté « Le Vent paraclet » de Tournier. Il parle assez mal du 29 quai d’Anjou, et de Sabathier, Harlan.
24 octobre 1978
R. avec Françoise Verny à 13 h. J’y vais. La secrétaire : J’essaie depuis deux jours de vous téléphoner, F. est obligée d’aller à une réunion de gens, d’éditeurs venus de Francfort, etc. Bon début !
27 octobre 1978
Théâtre Gérard Philipe à St-Denis avec René et Simone Desmaisons. Anna Prucnal chante au sous-sol à 23 h. Répertoire de bric et de broc, Europe centrale, Brecht-Weill, mélodies polonaises – mais quelle voix ! On l’a engagée déjà pour le forum des Halles. Vu Michaud. Rentrés à 1 h. Avec René, parlé de l’Everest. Mazeaud y est arrivé. Mais le cirque de tout ça ! Et Brincourt ! (le héros pour les téléspectateurs).
29 octobre 1978
Idée d’un petit livre sur Herr Hitler (un essai).
30 octobre 1978
Dans l’Express, interview de Darquier de Pellepoix : « À Auschwitz, on ne gazait que des poux ».
7 novembre 1978
Cdf de la secrétaire de F. Verny : « Mme Verny m’a demandé de vous demander votre adresse… Elle pense qu’elle vous téléphonera dans la journée ». Pour le renvoi du manuscrit ?
8 novembre 1978
À 10 h 30 chez Joëlle. Détails et mise au point du n° 3. Déjeuner avec Toussaint : quelques éclaircissement sur mon contrat Amazonie (Fayard). En rentrant à 2 h 15, dans la boîte, un gros paquet de chez Grasset : le manuscrit comme prévu. Ouvert. Lettre de F. Verny « déconcertée… perdu pied… parfois ennuyée ».
Pendant le dîner, cdf de Cornillac : « Tu n’as pas une pièce ? J’ai les moyens d’en monter une ». RV la semaine prochaine.
Autres particularités de ce jour : le fils de Joëlle « décide que je serai son parrain » et Joëlle m’offre un chaton pour Ariane (que je refuserai après consultation).
11 novembre 1978
Dîner chez les Hocquard. 1er jour de parrainage du fils qui me l’a demandé officiellement ce matin par téléphone. Vu Kravetz, à qui je montre la lettre de Verny. Parlé aussi du Seuil. Plus tard, Éveno, un copain de Gilles Lacombe.
12 novembre 1978
Cdf de JJ pour des renseignements que je lui ai demandés (potins lyonnais). Je lui dis le refus grassetois : « Va chez Gallimard ! ».
16 novembre 1978
À 10 h rue de Reuilly, impasse Mousset dans le hangar joué par Gilles, Éric et autres. Quel endroit merveilleux : ateliers d’artisans, hôtel sous-borgne, etc. Ils construisent là chacun son appartement, un mur déjà posé. Vu Arbatz et Jojo. Gilles me suggère de faire imprimer « L’Abîme » à Hong-Kong (10 % du coût français – mais par bateau…).
17 novembre 1978
Cdf de Dante : réunion cet après-midi 14 h pour décider si on fera quelque chose aux Halles. Je l’informe de l’affaire Grasset. M’informe que le sien de bouquin (Ina) est à l’eau. On s’amuse.
15 h réunion au 110 : D., Stéphane, Hélène, Jojo, Arbatz, Séonnet, Amphoux, Claude, Hocquard et plus tard Nini. Offre d’un contrat pour 1980 aux Halles. Conditions matérielles excellentes mais : le politique, Paris. À 19 h fini. Beaucoup d’objections, mais accord : tenter la chose.
20 novembre 1978
À la radio, on a parlé d’un suicide collectif de 400 personnes, membres d’une secte américaine (en Guyane). Exécutions sommaires.
21 novembre 1978
Cdf de Dante. Autre signe. Un opéra à faire avec Jacky Moreau sur les signes de la ville pour un juif. Enthousiasme réciproque (noté dans journal de l’Abîme).
Cdf de Moreau – heureux (j’étais moi en train d’écouter sa musique pour Tonton Couteau).
M. Giscard d’Estaing en conférence de presse n’est pas pour la suppression de la peine de mort actuellement. Il parle aussi, dans la même conférence, de la « civilisation française ». Pauvre homme.
22 novembre 1978
Déjeuner chinois La Boétie avec Pottecher et Labeyrie (CAP) qui voulait rencontrer le premier.
Cdf de Georges inquiet des attentats contre les restau grecs. Il y voit, non les suites de racket, mais un but politique, raciste de toute façon.
28 novembre 1978
Nixon à la télé (Antenne 2). Un président pour les veaux… faisant de la lèche aux Français, à la France, à de Gaulle, Napo, Talleyrand, Clemenceau… tâchait de se montrer en vieux sage de la politique sans ambition (bien forcé). Un journaliste ricain ensuite : « Nous avons mis trente ans à comprendre qui était … ». Mais le gredin a sûrement eu les Français (ceux qui sont pour la guillotine, entre autres). Est ignoble sur Allende.
2 décembre 1978
56 ans.
Cdf de Dante : voir s’il va à la manif Larzac (les paysans arrivent à 14 h à la porte d’Orléans : parcours autorisé porte d’Orléans – porte d’Italie). Invité à déjeuner. Dante n’y va pas, mais très excité : tous les projets marchent (Halles, film et vidéo en Belgique, par Ingberg, Avignon – Attoun, etc.). À 14 h, avec le Gus, Jojo, Gilles et autres (dont Muriel) à la porte. Mobilisation policière. Remonté en tête. Les paysans, petit groupe en bonnet de laine, puis orchestre, élus, PS, trotskistes, etc., avec banderoles. Au-dessus, tout le temps, un hélico. 20, 25 000 peut-être. Pas la très grosse manif. Vision d’un trapu grisonnant en béret vert venu montrer ses couilles : le genre kapo. Horrible. Passé devant la Cité U, Charléty (68 !). Grenadages épisodiques, mouchoirs, cache-nez. Froid piquant lui aussi. Dispersion vers 5 h place d’Italie.
3 décembre 1978
Cdf de Kravetz à 18 h 30. Cherche conseil et renseignements à propos d’une femme, la juive errante et surreprésentée.
4 décembre 1978
Cdf divers pour répondre à Kravetz.
Déjeuner avec Braudeau au chinois rue de Berri. M’apprend que le manuscrit n’a aucune chance : le comité de lecture (dont il fait partie) est « partagé négatif ». Et de deux.
23 h 30 cdf de Dante – qui me demande des nouvelles du bouquin… Pas étonné, étant donné ce que, dit-il, sans Flamand ses propres ouvrages n’auraient pas été publiés. Mais le rapport des forces cependant est changé… parlé de la réunion de mercredi : ça l’emmerde un peu de penser à un film, un vrai film, dans le système (sans liberté) et il faudrait réfléchir à ça, ne pas s’enfermer.
5 décembre 1978
Cdf à Braudeau : qu’a dit Flamand en remettant le livre au comité ? Réponse : à son avis, il ne devait le lire qu’après le comité.
6 décembre 1978
Réunion du groupe rue Custine. Dîner à la pizza. Dante, grippé, directement à la maison. Me suggère spontanément de parler du manuscrit à Sollers qu’il voit demain. Accepté. Vu 2e partie du match de foot Strasbourg – Duisburg. Réunion : Stéphane, Gus, Hélène, Amphoux, Séonnet, les Hocquard, Muriel, Sapiéga, Jojo, Tonton, Chié et Ariane. Tous les projets déballés. Groupes constitués. Fini 24 h.
9 décembre 1978
Au BHV et chez Hocquard. Cdf Dante à 13 h. Il a vu Sollers, a parlé de mon manuscrit. Négatif. « C’est un con ».
L’aprèms chez Danielle. Anne-Laure là, Véro et Jojo. Clarisse absente est en formation (rémunérée) de « plombière ». Véro au chômage.
13 décembre 1978
Visite de Cornillac à qui je donne « la Répétition générale » (il a 6 M pour monter une pièce proposée au jugement d’un jury de Lyon Aster).
14 décembre 1978
10 h au 110 réunion pour le film belge : Gatti, Hélène, Gus, les Dardenne, Amphoux, Séonnet, Arbatz, Sapiéga. Tourner Manouchian, l’Orchestre Rouge (ou le Cheval suicidé ?). Discussion sur l’utopie.
Retour au 110. Proposition de Dante : l’Irlande, comme grand film (avantage : le groupe subsiste, on participe dans le présent à l’aventure IRA, etc.). Confection immédiate de synopsis : un pour ce film (Sappart, Séonnet et moi), un autre pour un film sur les enfants (Gus, les Dardenne). Au deuxième essai, à 2 h du mat, le nôtre est fini. Rentré à 3 h avec Sappart qui couche au grenier.
15 décembre 1978
Réveillé à 9 h 30 par un cdf des « Déportés d’Auschwitz ». Sur la recommandation de Delorme, elles me demandent un historique d’A. Accepté par et pour le principe – surtout après les contestations fachos des chambres à gaz (Rassinier, Darquier, Faurisson).
Un porteur arrive : mon manuscrit renvoyé par le Seuil. Lettre de Flamand, hyper élogieuse et refuseuse. Ça m’a mis plutôt de bonne humeur. Cdf de « Parents » : un papier à faire dans la région de Grenoble, Thonon, sur un rapt d’enfant. Accepté.
Téléphoné à Dante la réponse de Flamand. « C’est autre chose quand même que Grasset. » Visite d’une amie de la fille de Caillaud : une obscure histoire de substitution d’enfant à la cour de Russie, héritage, etc. Du Gaspard Hauser (à suivre).
17 décembre 1978
23 h : cdf de Gatti. Il est avec Moretti. Me suggère, pour aider celui-ci à « vendre » le bouquin, de rédiger un synopsis, qu’on photocopiera. Et si les lecteurs en redemandent, on leur donnera alors le manuscrit.
18 décembre 1978
Rédigé le synopsis.
19 décembre 1978
Cdf de Pottecher juste pour me dire d’essayer du côté de Nucera (Lattès).
Au 110 à 15 h. Gatti déçu par le synopsis : « Personne n’y comprendra rien ». Le fera lui-même, à partir des indices que je lui donnerai. Parlé ensuite de l’Irlande – reconstitué le synopsis de l’autre nuit, emporté par Sappart.
20 décembre 1978
Rédigé les quelques lignes demandées par Dante. Déjeuner en tête-à-tête avec J.J. Lerrant. Parlé du livre, du passé, de son père. À 6 h, au 110. Dante, retour de chez Georges où il a discuté d’un opéra avec Anna Prucnal et Cl. Samuel. S’attelle au texte une heure durant pour le compléter. Y a ajouté, signée, une appréciation sur le bouquin vu par un lecteur.
21 décembre 1978
Levé 5 h. Tapé le texte Gatti.
À 5 h, visite de Laurent qui écrit un livre sur Fleurance (Recouvrance). Répondu à ses questions, confié des documents.
22 décembre 1978
10 h, rue Leroux, Association d’Auschwitz. Mme Cohen et Mme Alcan. Ma partie dans le livre : l’histoire de la solution finale (1924-1942). 30 à 50 pages. Autres participants : les déportés – V. Pozner, Simone Weil introduction.
23 décembre 1978
Cdf de Mme Cohen : Grasset (Durand) d’accord. Entièrement tapé le papier : 5 h !
26 décembre 1978
« Parents » : porté le papier.
28 décembre 1978
Déjeuner avec Kristo, un peu incertain de son avenir. Puis, la protégée de Caillaud et ses coquecigrues.
29 décembre 1978
Rue Leroux, association d’Auschwitz, pris la documentation, parlé avec Mme Alcan (qui me parle de Faurisson dont le Monde d’hier a publié un texte sur l’inexistence des chambres à gaz). De là, au 110. Personne. Téléphoné à Hélène : Gatti est à l’hôpital depuis Noël. Angine de poitrine ? Il rentre demain. Laissé photocopies du texte (prière d’insérer au prière de faire attention).
30 décembre 1978
Cdf d’Alexandra (Caillaud) : a trouvé un acte de mariage parlant de son prince (son grand-père).
17 h allé voir Gatti au 110. Était avec André Wilms, Hélène, sa fille, plus tard Dubois et Mumu. Pas couché. Assis à la table, habillé, rose. On lui a parlé d’une opération au foie. « Tu ne connais pas un médecin qui… ? » Thibault. Il y pensait lui-même. On a téléphoné. RV vendredi. C’est après seulement qu’il se livrerait à ce chirurgien. Part demain pour Bruxelles voir Ingberg (le film d’Irlande). Parlé cinéma, Baudrillard (et ses deux derniers livres : le PC, les Masses) et de « l’abîme ». Bu avec Wilms de la Mosenskaia. Rentré 9 h 30.