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1954

Pierre Joffroy était son nom de plume. Maurice Weil celui de l’état civil.
Né en 1922 À Hayange en Moselle, il monte à Paris en 1945 après être passé par Lyon où il s’était réfugié en 1941, rejoint plus tard par son frère Gilbert .
Entré au Parisien Libéré dès son arrivée dans la capitale il réalise un de ses premiers reportages en s’embarquant sur un « rafiot » chargé de juifs européens  rescapés des massacres nazis.

Ici commence l’histoire des carnets dont certains disparaissent à l’occasion de ce voyage en terre de Palestine en 1947.
Il s’agit d’un petit agenda (un par trimestre) sur lequel il note rendez-vous, rencontres, conversations téléphoniques, lectures, sorties, projets et ceux de ses amis.
Le format n’autorise pas le développement comme encore moins les épanchements (même si on trouve quelques cris du cœur).
Ces carnets pourraient être (sont) comme une gigantesque table des matières d’un livre à venir, un vaste index qui renvoie à autant de pages qui ne sont pas encore écrites.
Au commencement était le verbe. Reste à trouver la suite.
À vous de lire ce projet de « livre total ».
À vous de nous donner des informations complémentaires que la lecture de ces 20 premières années (1947-1968) vous inspire.
La suite, 1968-1980, puis 1980-2000, paraîtra dans le courant de l’année 2021.
Les carnets n’avaient jamais été lus, ni déchiffrés avant 2008. Ils ont été photocopiés puis déposés à l’IM.C.(Institut Mémoires de l’ Edition Contemporaine) avec les archives de Pierre Joffroy où ils peuvent être consultés.

Choisissez une année 

1er janvier 1954

Pour la nouvelle année, je me suis offert sur le pick-up les concertos brandebourgeois. Parfait bonheur.

2 janvier 1954

Téléphoné à l’inconnue. Vue à 18 h, puis à la Ferronnière, puis reconduite chez elle. R.V. demain. Commencé lexique Paris-Match, dont Dédé s’empare et qu’il accroît. Gatti dans l’Est cherché Stéphane chez Toussaint.

3 janvier 1954

Dîné avec Claudie II chez Michel, puis ciné le Vendôme, film mexicain, puis chez Adrien.

4 janvier 1954

Nuit. Rentré 6 h.

5 janvier 1954

Vu M.C.A Tour Eiffel, thé, Champs-Elysées – Acheté les sonnets de Shakespeare. Dîné chez Toussaint avec Kateb – puis, conduit Robert gare de Lyon (Grenoble).

6 janvier 1954

Conduit Danielle à Noisy avec les cadeaux (Stéphane malade).
Dîner au Vicomte avec M.C.A puis, danser dans la salle déserte du « Rêve ».

7 janvier 1954

Farran m’envoie à Florence voir Pepini – avec Mangeot. Je refuse en douceur (à cause de MCA, du Frigo, de la TV, des papiers de Dante à revoir, de la mère malade, etc.). Le soir, MCA – ciné « Thérèse Raquin », puis voiture. La citadelle investie, proche de la chute – Rentré 2 h.

8 janvier 1954

Coup de fil de C.S., de retour à Paris. Complications du côté de MCA.
Dîné chez Michel avec CS et Dante. Raccompagné CS.

9 janvier 1954

Revu papiers de Dante sur les fauves. Cherché MCA et dîné avec elle chez Michel (Dante, Danielle).

10 janvier 1954

Après-midi, MC cirque d’Hiver (Gilbert Houcke dompteur). Soir, théâtre Saint- Georges : « La Volupté de l’honneur ».

12 janvier 1954

M.C. Evanno
Au ciné avec MC : Fernandel « L’Ennemi public n° 1 ».

13 janvier 1954

Cherché MC pour l’emmener gare de Lyon. Sentiments mélangés. On dit qu’on s’écrira.

14 janvier 1954

Reçu les « Cahiers » du Marigny (articles de Petrus, Dante, Stockhausen, frontispice de Saby). Coup de fil : incertitude, dit Gatti, à propos de Churchill. Je lui rends ses papiers revus sur les fauves.

16 janvier
Répondu à Merrant (Grenoble) qui cherche une place à Paris-Match.
Kateb à déjeuner. Voit la TV. Vu Gatti chez Michaux. Michaux : « Hier, j’étais Balinais. Une pièce non signée, contrariété… » Il s’endort dans l’autobus… « Le sommeil, défense contre les ennuis… ». Avec eux, cirque d’Hiver : catch – puis dîner à minuit chez Michel.
Churchill, tout est O.K. Encore un peu de travail, dit Flament, et je signe.
Donné 1 000 F à un inconnu, misérable qui m’interpellait en pleurant.

18 janvier 1954

Papier sur Berlin.

20 janvier 1954

Vu Dante, chez lui, alité. Révision Churchill demain.

21 janvier 1954

Kateb à midi. Revu tout W. C.

22 janvier 1954

Lettre de M.C.E. – très déprimée.…
Coup de fil de Dante : contrat signé. 50 000 F chèque que je laisse à Kateb et à lui. Puis 10 % sur la vente de 10 000 exemplaires.

23 janvier 1954

Gatti à Clichy : Révision des 6 papiers – puis chez E. Grenet, malade chez elle. Le soir, quai d’Anjou, bien morne sans les Marchal.

25 janvier 1954

Conférence de Berlin. Détente Est-Ouest (Dulles, Molotov, Eden, Bidault). Stéphane malade : Dante me dit que c’est peut-être épilepsie.

27 janvier 1954

Vu Dante le matin. Son enquête « Envoyé spécial dans la cage aux fauves » bien vue au P.L.

28 janvier 1954

Décision prise cette nuit concernant M.C.E.
Froid : – 10 ° (pas vu depuis 75 ans dit-on). Vu Michaux avec Izis pour achat de tableaux. Neige.

29 janvier 1954

Gatti : le gosse n’a rien. Diwo malade, les rats du P.L. sabotent son enquête.

30 janvier 1954

Avec Croizard, sa femme, Thérond et Pernoud chez Martin Chauffier (Jean) marié. Revu Berrillon, Soukin, Obolenski, Magne, etc.

31 janvier 1954

Téléphone de Bernard – qui brûle de revoir l’homme-cheval, de Cap-Martin. Il y part – et aussi pour la maison de Calas. Journal de Delacroix, des idées.

1er février 1954

10 ans aujourd’hui, à 9 h du matin, que Théo tombait.
Froid de plus en plus violent : – 15 °. Les voitures gèlent malgré l’antigel. Dépanné par Gilbert le soir qui emmène la voiture chez Millot.

2 février 1954

Vu Saby chez lui et Dante. Dîner.
S. ne fait plus rien, amoureux qu’il est du centaure. D. prépare la lecture de son roman au Seuil et chez la Thévenin. « Ne jamais donner dans le scepticisme des gens, quant à leurs qualités secondaires ». (Saby)

3 février 1954

‘- 12 °. 13 morts de froid. Campagne de l’abbé Pierre.
Villa Jean-Jaurès : les conduites d’eau gelées ; pas de chauffage. Gaz faible.

4 février 1954

17 personnes mortes de froid. Acheté radiateur catalyse pour la voiture. Papiers publicité.

5 février 1954

Détente : 9°.
20 h, chez Michel, Dante fête son anniversaire : les Souv, Kateb, Bernard, les Fardoulis-Lagrange, Paule Thévenin, Flincker, Danielle. À 23 h, Petrus : « Insensé ! Ce que le concert n’a pas fait, Schéhérazade l’a fait. Il y a eu du chahut, une bataille d’Hernani ! » Je n’avais pas vu Petrus depuis plusieurs mois.

7 février 1954

Au lit. Coup de fil de Dante, rentré saoul perdu.

8 février 1954

38°5 – in the bed. Crise de foie sans doute. Prévenu Match.
Coup de fil de Rognoni, m’invitant chez les Créoles pour demain – avec les passagères du Gascogne. Le temps meilleur, mais 100 morts en tout en France. 250 en Europe.

9 février 1954

Pluie. Pas de chauffage à la villa. Enfants Rosenberg : J. Madaule CCP Paris.
Dîner chez Marie-Hélène Viviès, avec Rognoni : Babazanne, Marie-Jo, etc. Babazanne : trois ans l’ont épaissie et sottifiée. La voilà neutralisée.

10 février 1954

Gatti : 1) lui dire que je m’occuperai de son Prix, retour de Toulon.
2) Réclamer des éclaircissements sur les lectures au Seuil et chez Paule T.
3) Lui parler du voyage en Algérie ou Guinée – suivant canevas élaboré avec Tony Saulnier (photographe de Match) hier.
4) Oiseau en cage
V) Churchill ? Prisons ?
VI) Fardoulis – Léger
VII) Enfants Rosenberg

11 février 1954

Vu Dante – Avec lui chez les Marchal, 23 quai d’Anjou (ils se dorlotent). Impression de moins compter pour l’amitié.

12 février 1954

Reçu châle tissé par MCE. Demain, départ pour Val-d’Isère, Monaco et Toulon.

13 février 1954

Quitté Paris à 16 h – Gilbert, André, les Max Drouin et Jean Hirth, horloger. 3 voitures. Couché à Châlon-sur-Marne.

14 février 1954

Gilbert ébouillanté par l’eau du radiateur, pharmacien, etc. Le soir Val-d’Isère.

15 février 1954

L’allure est beaucoup moins l’art de savoir porter la toilette que de savoir porter le menton. Wilob
Le tic-tac de l’horloge atomique se fait de plus en plus rapide. J. Robert Oppenheimer.
La journée, promenade. Un peu de soleil. Le soir, cabaret de Val-d’Isère.

16 février 1954

Téléphoné Paris. Tout va bien. Soleil. A 16 h monté au Solaise par le téléphérique avec Gilbert et les autres. Le soir, à l’hôtel danse, chants, etc.

17 février 1954

Une fille jambe cassée dans l’hôtel, hier soir. Promenade avec les autres et Élisabeth Gagarine (DAN 33-75). Départ Monte Carlo à 18 h.

18 février 1954

Monte-Carlo vers 11 h. Caillaud. Avec C. et sa femme chez Pennone à Menton.

19 février 1954

Car 6 h pour Toulon. Hôtel Terminus. Retrouvé M.C.E. Pluie.

20-21 février 1954

Bandol, Draguignan. Caillaud, sa mère et le décorateur Morillier à 11 h 30. À Callas, tout de suite, maisons de 5 étages, abandon, désertions, ruines. Juste ce qu’il nous faut, avec le paysage, etc. Déjeuner, puis par Grasse et Cannes : repris le train pour Cannes avec MCE. Repris le Train Bleu 22 h 07.

22 février 1954

Téléphoné à Gatti – donné à Danielle fruits de Pennone.

23 février 1954

Téléphoné à Saby pour Callas. D’accord pour tout. 17 h cherché Dante au Tribunal militaire (affaire Oberg) pour aller à Marigny. Concert musique de chambre, organisé par Petrus, Webern, Schoenberg, Du Fay, Monteverdi, Gesualdo, Bartok. Vu Souvt., Milhaud. Puis, avec Petrus, Saby, Paule Thévenin, Dante, café. Le soir, chez Michel, moins Boulez.

24 février 1954

Serai chargé des télégrammes de la nouvelle rubrique.

25 février 1954

Tél. Gatti : la séance du Seuil remise au 2 mars (prévue pour demain). Invité par Michaux à dîner.

2 mars 1954

Rentré 8 h.
Avec Dante, dîner chez Michaux 19 h 35. Michaux en poncho jaune. L’Inde : « Ils ne peuvent pas croire qu’on puisse ne pas adorer. Si l’on n’adore personne, on adore le Non-Dieu. Ceux qui écrivent un livre entier avec « « Sri Lama » pour s’acquérir des mérites : – Un peuple capable de cela, c’est mon peuple ! Il n’y a pas de fous comme cela ailleurs. Ici, c’est des fous sérieux. »
À 9 h au Seuil. Lecture des premiers chapitres du roman de Dante. Michaux, Kateb, Bernard, les Souvt, les Toussaint, Cayrol, Béguin, Nadeau, B. d’Astorg (qui s’en alla), Gascar, Cournot, Dominique Aubier, et Robbe-Grillet (que j’avais connu, paraît-il, sur le « Gascogne ». Je ne m’en souvenais plus). Michaux à fond pour. Nadeau silencieux (il offre juste de publier un chapitre dans sa revue). Béguin, Cayrol, incertains. Se rabattent sur des mots qu’ils disent littéraires : « Sacre vernal, l’orbite rouge de la Terre ». Après, à l’Alsace à Paris, avec Michaux. Rentré à 1 h.

3 mars 1954

Hier, lecture par Dante, aujourd’hui, chez Paule Thévenin par elle-même. Meilleure lecture. Les Gatti, Saby, Petrus, Claude Escuret, Hérold, peintre. Raccompagné Petrus (et une jeune fille qui veut aller au Yémen !). Projets Petrus : Darmstadt, Cologne, Donauschingen, Belgique et la tournée en Amérique du Sud avec Barrault.

9 mars 1954

Vu Dante, 20 h. Part aux procès Bordeaux – Riom – apporte travaux à faire pour l’édition du Churchill. Béguin consacrera à son roman un fascicule complet d’Esprit : 8 chapitres, un art poétique, des entretiens entre Gatti et d’autres.

14 mars 1954

Chez Bernard, grippé. Ce qu’il aime : « des Narcissistes compensés par la culture physique ». Prépare une toile pour le Salon de Mai, une toile et gravures pour les Indépendants. Toujours occupé par le centaure du Cap-Martin.
Vu T.V. : « La Beauté du diable », René Clair, Michel Simon, Gérard Philipe.

15 mars 1954

Papier sur « les témoins du christ ».

18 mars 1954

Laniel : on a les laquais qu’on mérite.

19 mars 1954

La cote en hausse à la suite du « Rainier » et ainsi de suite.

20 mars 1954

Gaston Bonheur trouve le Rainier bon.

24 mars 1954

Les pêcheurs japonais du « Fukuryu Maru » atomisés par une explosion à Bikini le 1er mars : ils étaient pourtant en dehors de l’aire d’insécurité ! Voilà la nouvelle la plus importante, la plus sinistre, la plus tragique, la plus prophétique depuis dix ans.

25 mars 1954

Croizard, coup de fil : propose de faire des articles pour Cayatte sur la jeunesse délinquante.

26 mars 1954

Cayatte partant à Cannes, affaire remise à huitaine ou quinzaine.

27 mars 1954

Papier entente cordiale. Avec Bernard, cherché le Bombelet à Noisy.

31 mars 1954

1er, 2, 3 avril
PM m’envoie à Carcassonne pour enquête sur le vin. Avec Cazals, ami de Bonheur, dans les Corbières à courir et à boire. Rentré de Narbonne à 1 h. Minervois – le soir à Narbonne avec Cazals.

4 avril 1954

Rentré de Carcassonne (vin) et Toulon (MCE). Trouvé les épreuves de Churchill à la maison. Dante venu déjeuner. Revu les épreuves. Part ce soir pour le procès de Marie Poupard, Riom.

5 avril 1954

Obolensky venu me voir : Mme Arthuys chassée du P.L. pour avoir protesté contre la Bellangueulle. Lui-même menacé : lettre recommandée à Bellanger, l’ordure ! Tél. JJ Lyon pour envoyer bonnes feuilles de Churchill. À PM, deux papiers : le vin et Marie Besnard.

8 avril 1954

Lettre de Caillaud sur Callas.

10 avril 1954

Vu Dante, malade (genou enflé). Hanoteau devant faire le théâtre, j’abandonne la rubrique en jouant les ulcérés.
Avec Bernard, concert au Marigny (Webern, Schoenberg, Varèse, Bach, Beethoven, Scherchen). Là : les Toussaint, Souvt., les Fardoulis, P. Thévenin, Flinker et la fille Casson – et Diatto, pour la 1ère fois depuis 5 ou 6 ans, moins beau gosse et plus ennuyeux.

11 avril 1954

Saisie de « L’Humanité Dimanche » pour son titre sur 5 colonnes en 1ère page : « Le cours du sang versé en Indochine monte à la bourse de New York ». Chez Dante, correction du Churchill. Du soleil sur tout.

12 avril 1954

PM. Croizard pas là. Travail plus rapide.

13 avril 1954

Rentré 6 h. Téléphone à Gatti qui me dit que le Seuil va nous confier peut-être une collection. Oppenheimer suspect aux Ricains – suspendu de ses fonctions « atomiques ».

15 avril 1954

Voyage à Cannes décidé pour Cocteau avec Vital. Dîné avec les Gatti chez Michel. Vu « Les Enfants d’Hiroshima », bouleversant.

16 avril 1954

Voyage à Cannes annulé. Lettre de Cazals (Carcassonne) me félicitant pour le papier vin et me promettant diverses bouteilles.

17 avril 1954

Peut-être Lugano pour y voir Strawinsky.

18 avril 1954

Avec le discours de Nixon, vice-président des E.U. (nos soldats remplaceront les Français en Indochine, si besoin est), on retombe dans le climat du début de la Corée. Et dans quelques jours, la conférence de Genève en vue de régler le conflit – que les Ricains envisagent de reprendre à leur compte !

19 avril 1954

Téléphoné à Petrus qui part vendredi. On déjeunera le même vendredi tous les quatre. PM. La Comédie française à Moscou. Dien Bien Phu. Voyage décidé à Lugano.

21 avril 1954

Vu le père Souvt chez Lipp : Strawinsky réac, antisémite, avare, et paniquard. Grand musicien quand même (ils sont brouillés). Saulnier fait le voyage de Lugano.

22 avril 1954

Nabokov, 3, bis rue Piette.
Chez Dante, pour légendes photos Churchill. Il me parle de sa candidature au Prix Albert-Londres. Je m’en occupe.

23 avril 1954

Déjeuner chez Michel pour le départ de Petrus aux Amériques : Bernard, Dante, Flinker.

24 avril 1954

Situation Dien-Bien Phu : foutue. On les obligera à tenir à cause de la conférence de Genève. Vu Dante en train de rédiger son livre sur les bêtes.

25 avril 1954

Dîner avec Saulnier et le mufti, rue F. Miron, dans un restaurant juif tunisien. Train pour Lugano 22 h 15.

26 avril 1954

Temps couvert. Arrivée à Lugano à 11 h, Palace Hôtel sur le lac. Strawinsky y est. 15 h : parlé à son secrétaire–gendre, Marion. 16 h présenté à Str. devant le Palace : « Il fait froid ! », dit le maître. 17 h : taxi à Gravezano pour voir le professeur Scherchen. Ensuite à la villa Rezzonico que Bernard veut louer pour l’été : très riche. Mme R. très belle encore malgré ses 45 ans. Après dîner, dans le salon rococo de l’hôtel, conversation avec lui (autres : gendre, le directeur de la radio, le directeur de Cologne, 2 femmes, Saulnier). Très détendu, aimable, gai (il hait Scherchen).

27 avril 1954

10 h : Kursaal. Répétition, deux concertants… puis radio – studio une lampe éclate au visage de Str. Le soir, dancing au Kursaal : lié connaissance avec un Italien Giancarlo Negri qui veut nous ramener à Stresa.

28 avril 1954

Kursaal, répétition, photos. Lampe en pleine figure (2e épisode). Le soir, toute la famille, la femme, la fille, le fils et le disciple Kraft. Temps gris ; plus d’argent suisse. Le soir, Kursaal.

29 – 30 avril 1954

Re-photos avec la famille et cie. Déjeuné à midi avec le violoniste Laurent Jacques et sa femme, ravissante.
Concert : photos en coulisses puis salle. Succès, mais dû au nom de Stravinsky. Le soir, Kursaal avec les Jacques et Negri. Etrange couple. Elle se fait faire avec innocence la cour. Rentré 4 h.
L’ami de Negri nous conduit à Stresa. Déjeuner. Puis Simplon pour Genève. Photo Strawinsky dans le train. Genève, hôtel de Russie : toute l’équipe de Match pour conférence. Le lendemain, chez Strawinsky L’après-midi après envoi d’une gerbe de roses rouges. Photos. Le soir, Bataclan et cinéma « Lady Hamilton » (que Churchill adore).

2 mai 1954

Téléphoné à Paris à Helsey et Flinker Albert Londres pour le Prix. Juste temps. Envoyé télégramme à Dante. Pluie. Ennui.

3 mai 1954

Strawinsky à l’hôtel des Bergues (achat canaris pour Kitty). Dîner avec gendre et fille. Le soir, avec Pedra, Farran, Gallardi, Tony, Jarnoux, Bazelaire, Garofalo puis Rado (aurore). À l’aérodrome pour dîner et jouer au billard.

4 mai 1954

Quitté Genève dans la Lincoln d’un commerçant suisse installé au Mexique. Paris à 10 h 30. Livre de Michaux reçu (Face aux verrous). Fournel mort.

5 mai 1954

Vu Dante ce matin. Souvt. lui a téléphoné que Scherchen lui a dit que j’étais le Français le plus intelligent qu’il ait rencontré !!!! Téléphoné à Souvt. (il confirme). Photos couleurs Tony réussies (il m’a donné celle où je suis avec Stravinsky).

6 mai 1954

Téléph. Kessel et M. Chauffier : 2 voix pour le Dante.
17 h réception du Seuil au Pont-Royal. Vu Cayrol, Flamant etc. Aperçu le vieux Rouveyre, mangeant seul des gâteaux.

7 mai 1954

Vu Souvt chez Francis, place de l’Alma ; remis photos Stravinsky et Scherchen.
Vernissage Salon de Mai avec Dante et Souvt. Là-bas, Saby et son ami mathématicien Lazar. Vu Bergtold, ami de J.J. Bernard, qui expose une grande toile, a reçu propositions de Nina Dosset, marchande de tableaux. Sur conseil de Souvt, a refusé, demande plus : on lui offrait 1 500 F ! Après, tous rue des Rosiers, chez Lalou pour dîner : Danielle, Re-mufti, puis Tony et Litran. Belote, babyfoot…
Dien Bien Phu tombé.

8 mai 1954

Mariage fille Corvol. Vu tout le P.L. Fargue s’avance pour me tendre la main. Je mets les mains dans les poches. « Non, Monsieur ». Il part, rouge et contracté. Paris en fête (soleil, drapeaux) anniversaire de la victoire mais c’est Dien Bien Phu… Des flics partout. L’après-midi, chez les Corvol, le Fargue n’était plus là. Il avait dit à Diwo : « Je ne veux pas rencontrer M.W. ».

11 mai 1954

Porté photos Scherchen chez Grasset (revue de Souvt) puis avec Dante, Toussaint, Flamant et Bardet du Seuil déjeuné chez Michel – et discuté :
1) 1 livre d’Orano (pour une collection à venir)
2) 1 livre sur les souterrains (idée de Bardet) – je le ferai
3) 30 pages dans « Esprit » pour le « Visage du Mois » au lieu de collection « Qui est-ce ? »
A 18 h vu au Cadran, Florise et Helsey : Gatti présenté. Tout semble aller.

12 mai 1954

Sevry a vu Marsillac pour le Prix A.L. Kateb à déjeuner : veut faire ronéotyper son roman, actuellement en panne au Seuil.

14 mai 1954

Lettre de Bardet (Seuil) pour « Souterrains ». Laniel reste au pouvoir (2 voix de majorité !) Coup de fil de Sevry qui a contacté Coquet et Suze.

15 mai 1954

Gatti à déjeuner : 1) Danielle est partie. 2) Le Seuil marche pour Orano (a versé
50 000 F d’avance). Acheté cabriolet 203 (750).

17 mai 1954

Il l’a ! au 1er tour : 8 voix contre 4 à Calet. Je conduis le lauréat au Chatham. Coups de téléphone (Danielle raccommodée).

18 mai 1954

Vu Kateb et Fany. Puis au Seuil pour dernières corrections, puis Dante chez lui (télégrammes, lettres…). Jouffroy, nouvelle « révélation » des lettres est venu pendant ce temps. Avons renoncé au voyage à Alger avec Tony et Kateb – lui, à cause du Prix, moi à cause de l’achat de la voiture

19 mai 1954

Travaillé au Stravinsky. Au Seuil avec Dante.
1) le livre Orano – affaire réglée. Dante traducteur.
2) Le Souterrain – réaffirmé
3) Béguin d’accord pour « le visage du mois » (rentrée)
4) En août-septembre, Esprit passera le roman de Gatti.
Au P.L. fesse-mathieu a envoyé une lettre à Dante et 25 000 F.

20 mai 1954

Dîner Vicomte avec Dante, Croizard, Maquet et leurs femmes.

21 mai 1954

À Match entrent 2 nouveaux : Haedrich et O. Merlin. Les dignitaires inquiets. Bellanger se fend de 25 000 F pour le Prix.

22 mai 1954

Fini le Strawinsky. À Cochin vu avec Dante Huguette Couprié. Tubarde. Puis, gouaches de Calder. On m’envoie en Italie faire « Jules César ». Coup de fil de Danielle vers 11 h : du Havre où, dit-elle, elle a raté le train de retour.

23 mai 1954

Au saut du lit, prévenu Dante qui ne sait pas même ce dont il s’agit. Grabuge en perspective.

25 mai 1954

Cherché voiture à 15 h 30. Touché fric pour l’Italie. 140 000 lires (20 000 F).

26 mai 1954

Cherché Saby et départ (110 de Paris à Valence où coucher).

27 mai 1954

Départ 7 h. Déjeuner Toulon. Ascension : donc pas d’école des beaux-arts. Pas de MCE. Saby prend le train à 19 h 45, après mornes déambulations solaires.

28 mai 1954

MCE arrive. Déjeuner Bandol puis plage. Pas franchi.

29 mai 1954

Loué wagon-lit pour Rome, puis avec MCE à Porquerolles (un routier venant signaler, chez des amis de MCE, que ma voiture fuyait en huile…

30 mai 1954

Train 6 h 50 pour Monte-Carlo. Vu Caillaud et Bernard, ayant revu l’homme-cheval (et très apaisé). Déjeuner chez les Caillaud. Train pour Rome à 19 h.

31 mai 1954

Arrivée à Rome 7 h 30. Chez Graziani, via Spadini, puis place d’Espagne, vu Rizzo, sa femme et 1 autre envoyé de Match pour la béatification de Pie X : Serron cum uxore.

1er juin 1954

Visite aux Forum, prison mamertine, etc. L’aprems, avec Willy, en détail le Palatin et le Forum Romanum.

2 juin 1954

A Ostie, avec Rizzo et sa femme – avalé des kilomètres sur le décumanus maximus.

3 juin 1954

Chaleur insupportable. 12 h vu Vieillefond ancien professeur de Lyon, attaché culturel à l’ambassade. Avec les Rizzo, Graziani et un nommé Cohen, aux bains.

4 juin 1954

Levé 7 h. Avec Rizzo, Forum, via Appia, les catacombes, puis musée du Capitole avec sa femme et Cohen (+ un guide femme).

5 juin 1954

Musée pour la Vénus capitoline, les mosaïques de la villa Hadrien, puis la louve vivante et le temple de la Fortune.

6 juin 1954

Avec les Rizzo, les Vadim, Cohen (Charlie), etc., à Ostie pour le lancement du « bateau grec » (pour le film Hélène de Troie). Puis course automobile (prix de Rome).

7 juin 1954

Mausolée d’Auguste, musée étrusque, musée della civilta romane, fermé dans l’eenceinte de la foire de Rome d’où incidents (insolence des fonctionnaires).

9 juin 1954

L’aprems, Forum, Palatin. Le soir, tous les seconds plans du cinéma français de Rome – Dîner au « Jardin des Poètes ». Au retour, violente scène entre Willey Rizzo et sa femme : elle l’injurie et le cogne. Départ demain pour Capri.

10 – 13 juin 1954

Départ pour Naples, les Rizzo dans leur Chevrolet, moi dans la Rolls de Cohen. Bateau pour Capri 16 h 30. Premier coup d’œil : insupportable comprimé de prétention et de barbarie, de faux laissez aller et de conformisme – suant la germanité morose et l’anglicité bêtifiante. Hôtel Erculano, ancienne maison de Gorki. Bateau Naples. Démarches pour autorisations : Pasquier (institut français) – musée et retour, avec Benno à Capri.

11 juin 1954

Naples – musée, photos en quantité ; objets, fresques… Retour à Capri.

13 juin 1954

Quitté Capri. Pompéi jusqu’à 19 h.

14 juin 1954

Le matin Herculanum – Le soir Pompéi puis le musée de Naples. Rentré à Rome.

15 juin 1954

Crise en France : Mendès France appelé à remplacer le bœuf Laniel.

16 juin 1954

Avec une échelle de pompiers, photos de la colonne Trajane. E finita la commedia.

17 juin 1954

Rome – Gênes – train pour Vintimille 18 h 15.

18 juin 1954

Nice minuit 50. A 6 h autorail pour Toulon. Cherché voiture en taxi (garage introuvable, nom oublié). Retour par St-Tropez écrasé de soleil.
Mendès France élu haut la main 439–154.

21 juin 1954

Gatti à Metz au procès Struthof. Diwo le fait envoyer au Guatémala (révolte contre le gouvernement progressiste). Histoire du passeport. Tout s’arrange. Reçu les 25 exemplaires du Churchill.

22 juin 1954

Gatti parti pour NY et Mexico à 21 h (avec Groussard, J. Roy et Descamps). Gilbert, Danielle et Bernard sur le terrain. Dante très ému. Fait dédicaces pour Churchill. Porté livre à « Tempête ».

24 juin 1954

A faire : papier couleurs sur 50 ans d’auto. Posé la radio sur voiture. Signé livres au Seuil (à Churchill, Eden, Massigh, Gladwyn). Vu au Monde (allant voir O. Merlin, nouveau rédacteur en chef de PM), Sevry qui me dit que je remplace Daujon au jury du prix F.J. A.

29 juin 1954

Dans le P.L., papier de Dante arrivé à Guatémala ciudad bombardé. 11 h 30 prix FJA, cercle Interallié petit salon. Pas de papier. Vote « arrangé », etc.

30 juin 1954

Reportage Pagnol à faire. Vu les Orano en pleine persécution : me demandent intervention auprès de Flamand pour fric. Coup de fil de Diwo : Dante légèrement blessé dans un bombardement à Ciudad Guatemala. Envoyé livre à Wang (Pékin), Barkay (Jérusalem) et Billard (Guyane).

2 juillet 1954

C.S. Vu « Touchez pas au grisbi », puis « la Noche » rue Danielle Casanova.

3 juillet 1954

Parti avec la mère pour Hayange.

4 juillet 1954

Déjeuner chez les Baby.

5 juillet 1954

Edouard Forestier tué en auto près de Provins. Hayange avec la mère et Tondini. Retour à Paris. Carte de Dante (NY).

6 juillet 1954

Marchal me remet deux Churchill reliés. Ciné avec C.S. : « M. Ripois » (G. Philipe).

8 juillet 1954

Grosse altercation Odette Valéri – Guillaume Hanoteau (lequel, grossier, l’insulte ignoblement). Au Seuil, pris les « Bêtes » pour revoir 1ère partie. Descamps, retour du Guatemala, donne des nouvelles de Gatti et ses papiers. Dîner chez Boisiaux avec Maquet et Croizard

9 juillet 1954

Lettre du secrétaire de Churchill (remerciements pour le bouquin). 1er papier de Gatti bon. 2 000 à Orano – après lettre désespérée. Dubois préfet de police.

12 juillet 1954

Seuil : livres à prendre. Carte de Dante du Guatemala chez Bernard. Posté manuscrit Dante pour corrections. Parti Marseille (Pagnol).

13 juillet 1954

À 7 h 30 Marseille. Mistral. Hôtel de Noailles. Autorail pour Manosque 17 h 33.

14 juillet 1954

Pagnol, déjeuner. Grande conversation : le théâtre, la latinité, l’Amérique,… Chambre au Terreau. Chez Giono avec Pagnol, sa femme, son beau-frère, son fils Frédéric, etc. (Meursault, l’astrolabe, le pétéore, etc.). Puis boxe sur la place de Manosque.

15 juillet 1954

Monastère de Ganagolie, près de Lurs (lieu de l’assassinat des 3 Anglais), on tourne « Les Lettres de mon moulin ». Conversation avec Jacqueline Pagnol – puis, le soir avec l’académicien, tout pétillant d’idées utilitaires : les classiques filmés pour la T.V., les Marius, Fanny, etc ., refilmés en couleurs… Giono là, avec ses deux filles : j’en pousse une vers l’égyptologie. Walter parti à Marseille chercher sa fille qui arrive par avion.

16 – 17-18 juillet 1954

Toute la journée aux studios rue J. Mermoz à Marseille. Dîné avec Pagnol le soir.
Studios. Pagnol – Marseille en long et en large.

19 juillet 1954

St-Michel-de-Frigolet pour le film. Le père supérieur et les moines, très libres. Le soir, dormi à Avignon. Walter avec.

20 juillet 1954

Retour à Paris dans l’Austin d’Healey.

21 juillet 1954

Paris 2 h 30. Mendès France a gagné son pari : la paix en Indochine. Lettre de Dante (Salvador) et de MCE (Lanester). Dîner avec Croizard chez les Diwo.

24 – 25 juillet 1954

Répondu à Dante. Révision « bêtes » de Gatti.

26 juillet 1954

Coupure de presse du Churchill expédiée par Ollivier (Nice).

27 juillet 1954

Carte de Dante du Costa Rica.

28 juillet 1954

Lettre de MCE. Le père au courant. Tout s’arrangera à Barcelonnette.

30 juillet 1954

Avec Danielle à Noisy cherché les affaires du Bombelet qui reste désormais avec elle (elle quitte sa place). Accompagné Bernard au train : il s’en va à Callas (déménagement de toiles, chevalets, piano déjà fait). Il y restera quelques mois avec le Centaure. Il me dit que Boulez a fait des promesses qu’il est incapable de tenir (à Scherchen, au N.W.…). Petrus débordé par les « barraulteries ». Lettre de Dante du Nicaragua – relative à son livre.

31 juillet 1954

Lu Petrone. Le soir, journal. Dîner au Bois sous la pluie avec Castans.

2 août 1954

Départ de la famille pour Cannes.

6 août 1954

Vu les Orano, 21 rue Jacob (petite chambre sur jardin). Leur livre avance mais pas d’argent. Leur ai donné 5 000 F.

8 août 1954

Pluie – Déjeuner avec Danielle et le Bombelet, puis ciné : « Roman Holidays » (Vacances romaines), Hepburn et Peck.

9 août 1954

Lettre de Dante, très belle et émouvante. Acheté 5 obligations de 10 000.

10 août 1954

Rentré 4 h. Faux-bond de M.B. Le soir chez Toussaint avec Danielle.

11 août 1954

Parti pour Barcelonnette.

12 août 1954

Vu la famille au « Soleil des Neiges ». Promené toute la famille dans leur 203, le chef de famille détestant le volant. Rentré 18 h. Dîné. Après, sur la route de Barcelonnette, demandé M.C. au père. Pas d’objection, sauf l’église… m’en expliquerai demain avec elle.

13 août 1954

Explication orageuse. Larmes. Dans le petit pré en pente, sous un arbre, discussion. Puis, frontière, retour Barcelonnette (terrasse sur la place), puis Soleil des Neiges. Dîné à ma petite table. Après, sur la terrasse à regarder le feu de camp. Elle détendue, moi, perplexe.

14 août 1954

Parti pour Cannes. Passé à Callas à 15 h. (Rêvé la nuit : le visage de Colette Arbulot apparu.)

15 août 1954

Vu à 18 h Bernard aux Libellules. Fin saoûl. Je lui parle de MCE. Ses conseils : gratter jusqu’à l’os le grand homme possible en moi – et abandonner toute idée de confort (c.à d. la conjugalité). Dîner à Monaco au Moët et Chandon puis Sea Club et boîtes de tantes à Monaco. RV mercredi pour Callas.

17 août 1954

À la plage, Gilbert fait connaissance de la dame de compagnie d’une comtesse belge, Yolande du Chatel etc. R.V. avec Angéla le soir – ensemble aux allées avec Monique (Angéla pépiant, roucoulant à l’italienne, s’effarouchant, s’excusant).

18 août 1954

À Cap Martin, pris Bernard au milieu de « Jacques et Christian » en robe de chambre. Puis Nice (déjeuner et graissage), Grasse, Callas. L’ami de Bernard, Jacobs, pianiste américain, dort déjà. Installé à l’hôtel.

19 août 1954

Changé de local : petite maison à côté de celle de Bernard. Déjeuner tous les trois après achats à Draguignan. Puis promenade Verdon, plan de Canjuers. Apéritif chez le greffier (avec grande palabre sur la cuisine française qui se meurt). Dîner ratatouille apporté par Jacobs.

20 août 1954

Lu le Maufrais de chez Julliard. Au village, on prépare la fête communale : guirlandes, lampions. Bernard à son atelier du conseil municipal, Paul Jacobs à son piano (Debussy), moi, à mon bouquin. Demain Cannes par St-Tropez où je déposerai Jacobs.

21 août 1954

Avec Jacobs à Ramatuelle, auberge de l’Ancre où nous voyons Kateb, sommelier navré – avec une Suédoise, Margaret. Déposé Jacobs à la galerie, puis Cannes. Dîner avec la smalah à Juan-les-Pins.

22 août 1954

L’après-midi à Fréjus avec Gilbert : course de toros lamentable ! 4 bêtes massacrées par deux novilleros Ruobichi et Aguado de Castro.

23 août 1954

Cherché Jacobs à St-Tropez. Kateb parti à Callas, après avoir rompu avec l’auberge de l’Ancre. Retrouvé là-haut Flincker et un de ses amis. Kateb restera quelques jours : chambre chez Cauvin (200 F par jour). La fête au village. Jacobs a joué au piano études de Debussy, sonate de Schubert, variations de B., 3 notes de Webern.

24 août 1954

Chacun travaille. Le soir, re-bal.

26 août 1954

Descendus tous à Draguignan (moins Jacobs s’entraînant au piano). Puis déjeuner, invités par les Cauvin (civet de lapin). Et la pluie jusqu’au soir.

27 août 1954

A Juan-les-Pins avec Kateb pour y rencontrer sa dulcinée hongroise. La journée à Monaco avec eux. Vu Caillaud. Flirt avec Michelle Ballet ? de la pizza…

28 août 1954

À midi, un ami de Bernard, J.J. Libert (fonctionnaire de l’Unesco).

29 août 1954

Départ de Callas à 10 h. Barcelonnette 15 h. Promenade avec M.C.E. Le soir, petits jeux dits de société.

31 août 1954

A 11 h, coup de fil me disant que Dante sera ce soir à Callas. Chez le buraliste, je lis que la CED est rejetée par 319 voix contre 264.

1er septembre 1954

Col de Vars – Embrun avec BI (surnom donné à MCE par son frère) et son frère. Le soir, inévitable explication sur l’église. Je refuse encore…

2 septembre 1954

Adieux. Retour à Callas. Dante, Danielle, les Toussaint là. Grande discussion sur les projets du voyageur. L’aprèms et le soir, Juan-les-Pins, Monaco (Caillaud et tantine Gatti), Menton, puis retour vers minuit.

3 septembre 1954

Pas dormi. Visite maison à acheter. Descente au Muy avec le Dante et Danielle.

4 septembre 1954

Mauvaise nuit. Lu un Agatha Christie jusqu’à 2 h. Lettre à MCE.
Télégramme et coup de fil de Croizard me demandant de rentrer « d’extrême urgence ». Départ 11 h avec Jacobs – et Kateb dans le spider.

5 septembre 1954

Départ 6 h. À Paris à 12 h 45. Bilan : 4 000 Km de « vacances ». Chez Croizard à
18 h : papier à faire pour Marie-Claire. Téléphone à Diwo pour l’entrée de Dante à P.M.

6 septembre 1954

Téléphoné à Gatti – Travaillé papier enfants.

8 septembre 1954

Grande scène. Appelé chez Mille, Prouvost surgit : « C’est vous qui avez écrit… Bien, nous allons travailler ensemble. Vous verrez, ce sera plus intéressant que le reste », etc. Déjeuner chez Diwo. Dîner chez Hélène T. avec Jacobs.

9 septembre 1954

Tremblement de terre en Algérie à l’aube. 1 000 morts (12 secondes). Travaillé papier Margaret.

10 septembre 1954

Derain mort (74 ans). Claudel malade.

11 septembre 1954

Vu Bonheur qui « compte beaucoup sur moi » (tous sont inquiets par les défections au profit de l’hebdo de Bloch Dassault).

12 septembre 1954

Commencé sérieusement le Maufrais.

13 septembre 1954

Vu Bonheur : me voilà responsable des papiers « Marie-Claire ». Gatti, revenu de Callas, vient à Match avec Diwo. Voient Bonheur. La chose en bonne voie.

14 septembre 1954

Bonheur d’accord pour 200 sacs.
Lacaze, Cartier (R.), aux petits soins. La cote en hausse. Vu Dante qui a vu Flamand chez les Marchal pour le saluer.

16 septembre 1954

Retour à Paris sous la pluie.

17 septembre 1954

Lettre de MCE, toujours incertaine. Lettre et coup de fil d’une Mme Friedland qui veut faire un film sur Stravinsky.

18 septembre 1954

Lettre de Benedetti (il parlera du Churchill dans son journal de Toulon).

19 septembre 1954

À déjeuner, les Gatti, Stéphane et Rognoni. Vu l’aprèms Leygues, conseiller de l’Union française, pour papier sur Indochine (crise à Saïgon). Papier finalement bien reçu par Cartier et Bonheur.

21 septembre 1954

Vu à 18 h Mme Friedland pour film sur Diaghilev. Jolie à la Ferro. Reconduit chez elle. Chez M.H. Viviès, réception. J’en pars au bout d’1/4 d’h.

22 septembre 1954

Donné 2 000 F à Orano pour l’un de ses procès.

23 septembre 1954

Vu « Viva Zapata » – puis chez Adrien à s’emmerder jusqu’à 3 heures. Lettre de Vignon – Guyane, m’annonçant le prochain envoi de rapports sur Maufrais.

24 septembre 1954

Donné 2 000 à Kateb pour sa nouvelle chambre. Avec Saulnier et sa fille, vu « Les Temps modernes », chef-d’œuvre, mais un peu au-dessous des « Lumières de la ville ». Possibilité d’emploi pour Kateb à « Elle et eux » (rubrique Bisiaux).

25 septembre 1954

Comité de l’A.G.R.F. (Merry, Helsey, Coquet, Korab) ; admission de Gatti proposée, acceptée (+ Mauris, Jules Roy).
Vu Dante – Helmann là avec ses allures sorbonnardes. Orengo (de Plon) réclame à Dante son œuvre, toute son œuvre ! (à l’instigation de P. de Lescure dont il – Dante – a fait la conquête). Bernard cherche à rentrer.

26 septembre 1954

Travaillé Maufrais. Commencé 1er chapitre.

27 septembre 1954

Coup de fil de Mme Friedland. RV mercredi. Kateb venu travailler au « rewriting ».

28 septembre 1954

Rentré 8 h. Envoyé lettre de renonciation à la maison de Callas et photos à Bernard. Vu le Gros chez lui. Il a vu Flamand, lui a parlé de Plon – Flamand réfléchira.

29 septembre 1954

Téléphoné à Petrus, de bonne humeur malgré l’impossibilité de Donauschingen. Thomas Mann, me dit-il, a parlé de lui dans un bouquin.
Gaston B. me confirme les 200. Cas Diwo–Gatti réglés. Vu chez Dante Paule Thévenin. On parle de Mendès-France. RV Friedland remis.

30 septembre 1954

Gatti a vu Roux : accord pour 120. Flamant à Gatti : J’ai passé une nuit sur votre pièce. J’y entre par moments – puis, le noir, puis… Effrayant. Collaboration à « Esprit » : « le portrait mensuel ».

1er octobre 1954

Arrestation de 2 hauts fonctionnaires (la manœuvre anti-Mendès a échoué).
Gatti : « hier soir Collin a pleuré. Bellanger est devenu pâle. J’ai cru qu’il allait tomber. Je me suis dit que tu aurais bien donné 3 mois de salaire pour voir sa tête ! » Puis, au Seuil : la pièce est acceptée (moyennant note de Michaux et préface explicative). Parlé du « Maufrais » (accepté). Explication de l’échec du Churchill par le chef du service commercial : plus la période, dégoût pour la politique, Churchill trop connu. Un seul espoir : sa mort !

2 octobre 1954

Mons, secrétaire du gouvernement, inculpé.

3 octobre 1954

Maufrais. Vu Dante chez lui. Proposition de Bellanger, attendre 8 jours ; possibilité d’une combinaison avec les autres journaux pour lui donner 14 000 F.

4 octobre 1954

1er rewriting de Diwo et Dante. Lui, un peu déçu et surpris et même dégoûté.

5 octobre 1954

Procès Oberg avec Dante, puis au Seuil (commande de portraits politiques pour Esprit).

6 octobre 1954

10-13 avec les Orano à la P.P. Procédure d’expulsion commencée contre eux (l’ambassade d’Italie). Gatti a un papier.

7 octobre 1954

Vu Collin qui, rétabli mais faible, désire travailler en province pour Marie-Claire.
Yom Kipour.

8 octobre 1954

Téléphoné à Boulez. Travaillé papier.

9 octobre 1954

1 000 Kateb – 2 000 Collin – 2 000 Gatti.
Réunion des Grands reporters. Gatti élu avec Mouriès, J. Roy, etc. Dîner au Louis XIV. J. B. D., Korab, Helsey et leurs souvenirs de Varsovie, de la Marne, de fonds secrets, etc.

10 octobre 1954

Papier bon. D’autres en perspective. Avec Dante, Petrus, dîné chez Michel (son père parti en Colombie pour inauguration usine – Travaille son quatuor – fera la musique de l’Orestie). Augmentation des salaires : nouveau coup de Mendès.
Dante : premiers papiers (Oberg, fin d’Hanoï).

12 octobre 1954

Gatti saute le pas (on lui offrait pourtant 160 mois, 2 papiers à Images du Monde). Déjeuner chez lui. Radio : enregistrement interview sur Churchill. Dîner Pagnol, Castens, Walter au Martin Alma.

13 octobre 1954

Ecris attestation pour Orano. Envoyé 5 000 à Michaux.
Papier Marilyn Monroe.

15 octobre 1954

Gatti petites difficultés avec papier sur fillette d’Orléansville.

16 octobre 1954

Gatti à Clichy : match football France bat l’Allemagne (3-1).

18 octobre 1954

Le P.L. a fait à Dante un contrat : 250 000 pour 1 reportage par an + les frais (envoyé spécial permanent dans le monde). Papier Pagnol.

20 octobre 1954

Au Seuil, 21 h – 24 h – lecture du « Nombre ci-gît » dans le bureau de Flamant. Lectrice : Paule Thévenin. À droite : Dante en veste verte et pantalon noir. Présents : Collin, Kateb, F. Jeanson, Boulez, Souvt, Suzanne Tézenas, M.H. Dasté, Flamant, Cayrol, Dumur, Robbe-Grillet, Flinker, P. de Lescure, le poète brésilien, les Toussaint, Aubier. Après, Royal-Saint-Germain. Rentré à 1 h.
Lettre de Bernard annonçant son installation à Bargemon.

21 octobre 1954

Meilleure chance pour Kateb (va être utilisé pour légendes et chapeaux – en raison des difficultés d’être un simple informateur).

22 octobre 1954

Vais faire « Churchill » couleurs. Collin en proie à une sorte de paralysie nerveuse. L’emmène à Clichy. S’y remet.
Dante un peu abattu. Boulez a critiqué la pièce, d’ailleurs sottement : trop figuratif, manque de syntaxe, etc., etc. Lettre de C.S. toujours à Bonn (et déprimée).

23 octobre 1954

Le soir, chez Tony rue Jacob (soirée pour son départ aux antipodes). Connaissance du Noir et de Mimi Fogt, peintre qui vit avec un sculpteur, Mason.

24 octobre 1954

Papier sur attentat en Irlande. (Le Bailly reporter).

26 octobre 1954

Article sur les déclarations d’amour (vu Mme de Bournazel, marieuse du grand monde).

28 octobre 1954

Vu Horay, éditeur dont Bisioux est l’adjoint, commande d’un livre sur Nord- Africains – et à Collin, livre sur l’avocat Raymond Hubert. Vu Mme F. lui ai remis le Diaghilev (fait par Rognoni). Kateb a sa chance : 1 documentation à faire sur l’islam. Papier Pagnol paru.

29 octobre 1954

Lettre de MCE (et deux gouaches et deux dessins). Vu avec Dante le père Marchal malade.

30 octobre 1954

Vu J.J. au journal avec Dante et Kateb.

31 octobre 1954

Coup de fil de Petrus qui me réclame le Claudel pour l’Orestie dont il doit faire la musique.

1er novembre 1954

Resté à PM jusqu’à 2 h seulement. La déclaration d’amour à faire. (Papier)

3 novembre 1954

Gatti part pour l’Algérie à 14 h (attentats en série). Avec Collin à Conflans pour convaincre sa femme de quitter la maison (assaillie et lapidée par les voisins). Acheté disques : 15e quatuor, Nocturnes, Prélude à l’après-midi d’un faune, les Quatre saisons, Borodine.

4 novembre 1954

Papier à refaire, à mieux répartir – grand sentiment d’ennui.

5 novembre 1954

Duel projeté entre 2 avocats Biaggi et Perpessac. Remis dans la nuit. Première du film de Pagnol « Lettre de mon moulin ». Je m’y suis ennuyé à mourir.

6 novembre 1954

Gatti de retour. Lettre de Calder (qui expose ce mois-ci chez Maeght). Sorti avec Mimi F. chez Michel, puis çà et là.

8 novembre 1954

Papier Gatti sur l’Algérie, légendes de Kateb (au supplice). Sorti à 6 h. Lettre de C.S. la tempête. Elle dit vouloir passer le nouvel an ici, avec moi.

9 novembre 1954

Vu Druon, venu proposer collaboration à fresque historique. Puis Jeff, son frère Georges, Patrick. Parti avec Pirey (18 h 50) pour Gunzbach. But : arracher au père Schweitzer un conte de Noël pour M.C.

10 novembre 1954

A Gunzbach, chez le vieux. Éjectés par sa gouvernante. Il est, paraît-il, très fatigué. Elle aussi. Départ 17 h 50 après avoir joué les bidasses dans Colmar

11 novembre 1954

On monte le Churchill pour P.M. Accident : je cogne une remorque de cycliste.

12 novembre 1954

Expo Calder avec Dante. Vu « Sandy » (Alexandre Calder) et sa fille, maigrie. Izis là pour photos Paris-Match.

13 novembre 1954

Vu Druon chez lui, rue de Varenne. Discussion sur le projet. Je me retire un peu et avance Collin. Dîner chez les Toussaint.

15 novembre 1954

Bouclage papier sur Miribel (Melle) qui s’est décarmélisée.

16 novembre 1954

Rentré 7 h. Reçu Collin à qui je remets les druoneries.

17 novembre 1954

Collin rend le texte refait. Druon le fait prendre demain. Gatti à déjeuner (Churchill).

18 novembre 1954

Lettre de Bernard. Gatti à Clichy : toute la journée à suer sang et eau sur le Churchill.

20 novembre 1954

Reçu les épreuves de Churchill.

22 novembre 1954

Relu papier Collin avant remise. Aidé Dante dans son papier sur danger atomique. Félicitations de Gaston pour le papier Miribel.

23 novembre 1954

Rue de Longchamp, dîner avec Taneveau et de Gestas, l’homme à la Rolls. Entente sur 100 à valoir sur les 2 % de droits. Puis, sur la demande de paiement immédiat, refus : question de principe.

24 novembre 1954

Couverture à Kateb. Collin, roi de l’échec : nouvelle refusée à M.-C., papier psychologie refusé, Druon, refusé, papier Adenauer pour « Esprit » refusé, roman refusé, manuscrit « Jours de France » refusé.

25 novembre 1954

À déjeuner Collin, Gatti, André Renevy. Collin mis dans le Mémorial pour le « resolidifier ». Coup de fil de J.J. de Lyon pour passer une page sur Churchill dans le Progrès. Papier « psych » à refaire (ils ont changé d’avis).

27 novembre 1954

Reçu « La Montagne » de Clermont avec l’article de Vialatte sur Churchill – très bon et très drôle. Dîner avec Caillaud, Collin, Danielle, le Bombelet et 2 amis de Caillaud.

28 novembre 1954

Dominici condamné à mort. Coup de fil de Boulez m’invitant à « Varese » jeudi, affirmant l’innocence de Dominici, tapant sur les magistrats.

30 novembre 1954

Chez Martin Chauffier pour lui donner le Churchill. Il a vu Lily Mendès-France, peu confiante dans la durée du gouvernement.
Mort de Furtwangler. Nouvel échec du Collin à Jours de France.

1er décembre 1954

Télégramme de MCE. Lettre de Tempête (hélas ! d’anniversaire !). Vu président Pelau (commission presse) pour mon affaire. De plus en plus aveugle, le malheureux. Mais résigné et le cœur poétique.

2 décembre 1954

Collin à Clichy poour le Napoléon (mise au point). Le soir, avec Dante, Toussaint, Boulez, le poète brésilien, Michaux et sa chinoise, Alain Jouffroy, les Souvt. au concert radio Scherchen, théâtre des Champs-Elysées. Après une ouverture de Mozart, les « Déserts » de Varèse – musique concrète, électronique. La salle en furie, ignoble : « L’auteur à l’asile ! Assez ! » etc. bruits de clochettes… Scherchen impavide, s’épongeant de temps à autre. Gatti à deux doigts de se colleter avec un mec.

3 décembre 1954

Le pape malade ! Cherché MCE à Montparnasse, train de Quimper. Ses tantes l’attendaient. L’ai conduite.

4 décembre 1954

Vu « Roméo et Juliette » avec MCE. Elle m’offre un briquet. Le soir, chez Dante. Paule, le cœur brisé de Ford, Petrus : Machiavel, Toussaint : 1 paquet de tabac de la part de son fils Yves, les Gatti : 1 lanterne chinoise – Collin, Kateb leur amitié. La Paule demandant à Petrus d’intervenir auprès de Barrault pour la pièce d’Adamov (« Ping Pong ») – lui, seul, assurant que Guy Dumur est capable d’influencer « Jean-Louis ».

5 décembre 1954

D’accord pour ne plus église.

6 décembre 1954

Gatti : l’autre soir, c’était bien. On renouait avec des soirées qu’on croyait disparues à jamais.

7 décembre 1954

Avec MCE « Le Rouge et le noir ». À côté de Stendhal, tout à fait à côté.

8 décembre 1954

Dîner chez Marquet avec Bisiaux et sa femme. Rognoni, me dit-on, est mis à la porte. Pernoud a déclamé contre Gatti : « Est-il ou non Compagnon de la Libération ? ». Très triste, très déprimante soirée.

9 décembre 1954

Coup de fil de Paule Thévenin – qui part en Suisse. Souvt. a déploré comiquement, me dit-elle, mon mariage.
Intervenu à 18 h auprès de Gaston pour Rognoni. Je plaide le talent négligé, etc. « D’accord, il est en appel » répond-t-il. Mais Rognoni a déjà quelque chose en vue. Vu MCE. Dîner chez Michel.

10 décembre 1954

Kateb à Clichy pour son premier papier « la Grande Chartreuse ». Gatti a vu, chez Gascar, Cl. Roy et autres pour un éventuel voyage en Chine. Ils sont d’accord pour lui et moi, pas pour Michaux.
La petite à Clichy : présentation après dîner, en écoutant Pelléas, en disque.

11 décembre 1954

Cherché papier Kateb à refaire partiellement. Écouté « Wozzeck », mes nouveaux disques avec Pelléas et le concerto de Berg.

12 décembre 1954

Cherché MCE chez sa tante dans une réunion de vieillards bavards. Aux Invalides, expo Napoléon à Ste-Hélène et tombeau, puis place de l’Alma, thé.

13 décembre 1954

Pirey rentré d’Algérie.

14 décembre 1954

Rentré 1 h, mais chez Adrien, puis Jockey avec Bisioux et Pirey. Avec MCE, exposition Résistance, déportation, libération au musée pédagogique. Impressionnant. Le Seuil ne publiera pas la pièce de Gatti, m’annonce Collin au téléphone.

15 décembre 1954

Vu Gatti – Point trop déçu. Maintenant, Plon. Il part pour l’Allemagne, à Bonn, discussion des Accords de Paris.
Coups de fil affolés de B. Son père lui a écrit qu’il allait venir la chercher, qu’elle n’avait pas de décision à prendre sans lui, etc.

16 décembre 1954

Pagnol m’envoie ses « Trois lettres de mon moulin », avec dédicace « Avec un grand remerciement ». MCE – ballade en voiture île St-Louis où je vois Danielle.

17 décembre 1954

Lettre et paquet de Bonn : C.S. m’envoie un foulard de soie de chez « Oscar Lenius feinste Masskleidung feinste Modewerk ». Coup de fil de MCE : le père d’accord, la mère non. Envoyé 1 550 F pour 10 exemplaires du « Cadavre encerclé » de Kateb, mis en souscription par le Seuil.

18 décembre 1954

Dans « Esprit », 1er acte du Kateb et article du Dante sur Somoza. Cherché Collin chez Danielle, puis chez Toussaint avec MCE et lui. Collin s’en va demain à Forcalquier.

20 décembre 1954

Gatti revenu de Bonn. MCE à déjeuner à Clichy (mère, grand-père, tante F., Jeanjean et Lucy Fribourg).
Encore des histoires Orano : lui à la léproserie de Lyon – se coupe les veines. Elle court et se démène à Paris, harcelant Dante.

21 décembre 1954

Chez Ledoyen, dîner de P.M., M.C. et les « 30 ans » de J. Prouvost. Repas médiocre, vins rares, discours, querelles d’étiquette, plainte de mal placés ; congratulations réciproques, exaltation de « nos 9 parachutistes ». Avec Dante, Bisiaux, Diwo, M.H. Viviès à une table.

22 décembre 1954

Avec MCE (et la mère) chez un fourreur – pour acheter son cadeau : un manteau d’astrakan. Cdf de Collin installé à Manosque où il vient de louer une maison et me demande un peu de fric.

23 décembre 1954

Expédié 10 000 à Collin à Manosque, poste restante. Vu MCE et son manteau, reçu à 18 h. Acheté cadeau (poudrier) pour C.S.

24 décembre 1954

500 F pour les jouets des enfants de Forestier. Le soir, chez les Toussaint avec MCE. Dante là, mais pas Danielle : le bombelet malade.

26 décembre 1954

Très bas. Papier sur Trotski.

27 décembre 1954

Lettre de Collin, très détendu. Mendès-France obtient la confiance sur le réarmement allemand.

28 décembre 1954

Enterrement de H. de Korab (63 ans), chapelle et cimetière Montparnasse. Discours d’Helsey et de la représentante de la « Ligne Oder-Neisse » – le jour même où sont votés les accords du réarmement allemand. Le soir, avec MCE chez Boulez, puis avec Dante au ciné. Film japonais, bon.

29 décembre 1954

Hier, avec Dante, décidé de quitter P.M. un de ces jours pour France-soir ou autre. Vu MCE le soir. Analyse de son écriture reçue du graphologue Vernal.

30 décembre 1954

Avec MCE, promenade sur les quais. Thé près de St-Germain-l’Auxerrois. Le soir, chez Michel avec le Dante, le Petrus et les Souvt. Objets : Mendès-France et les accords (votés à 19 h par 287 voix contre 260), Dubois, le préfet, les futurs concerts Marigny, le voyage en Chine, etc. Le Gros a gagné : le Seuil lui a fait signer 1 contrat pour sa pièce (tirage 2 000 minimum) plus dix autres œuvres.

31 décembre 1954

Avec Beï et Dante, donné aux Marchal un gâteau. Elle, triste, ses parents séparés.
Résolutions : 1 livre, le mariage, plus, plus, plus de courage.